Apple, Google et l’Europe : les raisons d’une confrontation inédite

Les tensions montent entre les géants américains de la tech et l’Union européenne, alors que des régulations inédites viennent bousculer leur domination. Les intérêts économiques, la souveraineté numérique et la concurrence exacerbent ce bras de fer transatlantique.

Un affrontement ouvert entre géants du numérique et l’Europe

La tension ne cesse de monter entre les géants du numérique Apple et Google d’un côté, et la Commission européenne de l’autre. Au cœur du conflit, le Digital Market Act (DMA), ce règlement imposant de nouvelles contraintes aux plateformes dominantes, a poussé ces deux entreprises à dénoncer publiquement ses effets sur leurs produits en Europe. Chacune a appelé, le 25 septembre, à une révision en profondeur du texte ; une requête sèchement rejetée par Bruxelles.

Des conséquences visibles pour les utilisateurs européens

Si l’on regarde les impacts concrets, le DMA n’est pas sans conséquence sur la disponibilité de certains services innovants. Le déploiement d’Apple Intelligence, par exemple, s’est fait attendre sur le continent, alors que les utilisateurs américains y avaient accès bien plus tôt. Même constat pour les derniers écouteurs AirPods Pro 3 : leur fonction de traduction simultanée reste inaccessible en Europe. Quant à Google, il évoque des délais allant jusqu’à un an pour lancer certaines fonctionnalités d’intelligence artificielle. Pour expliquer ces décalages, les deux groupes désignent clairement le DMA comme principal frein.

L’Europe campe sur ses positions face aux critiques

Face à cette fronde, la réaction de Bruxelles n’a pas tardé. Par la voix de Thomas Régnier, son porte-parole, la Commission a signifié qu’elle n’avait « aucune intention » d’abroger le DMA. Elle rappelle que la législation vise avant tout à garantir un marché numérique plus équitable en empêchant les acteurs majeurs comme Alphabet (Google), Amazon, ou Meta (Facebook) de profiter indûment de leur position dominante.

Pour clarifier ce qui change avec le DMA, citons quelques obligations imposées aux grandes plateformes :

• Désinstallation facilitée des applications préinstallées.
• Interdiction de favoriser leurs propres services.
• Ouverture aux magasins d’applications alternatifs.

Sécurité et innovation au centre des débats

Derrière ces tensions se joue aussi un débat plus large : celui du juste équilibre entre sécurité, innovation et concurrence. Selon Apple, l’ouverture forcée vers des boutiques alternatives mettrait en péril la confidentialité des utilisateurs – la marque va même jusqu’à signaler l’apparition d’apps pornographiques sur iPhone via ces canaux non contrôlés. Plus mesuré dans son propos, Google estime que la multiplication des contraintes compromet sa capacité à protéger efficacement ses clients contre les risques en ligne.

En toile de fond demeure une interrogation : cette régulation ne risque-t-elle pas d’étouffer l’innovation sur le Vieux Continent ? Tandis que Bruxelles entame une consultation pour adapter le texte aux nouveaux défis comme l’intelligence artificielle, aucune modification substantielle n’est envisagée avant 2026. Pour l’heure, chacun campe sur ses positions ; le dialogue semble au point mort.