Pour nos amis anglais, le diable n’est pas simplement dans les détails, il est aussi dans la queue, et l’assemblée générale de Scor qui se tiendra le 30 juin prochain à huis clos au 5 avenue Kléber, Paris 75116, devrait réussir la performance de réconcilier les deux adages lorsqu’elle parviendra au vote de la 31ème des 33 résolutions proposées à leur approbation et intitulée sobrement « Modification statutaire concernant la gouvernance de la Société ».
Le texte de la résolution pourrait apparaitre comme anodin et se limite à énoncer ce qui apparait comme une évidence : « La Direction Générale de la Société est assumée, sous sa responsabilité, soit par le Président du Conseil d’Administration, soit par une autre personne physique nommée par le Conseil d’Administration et portant le titre de Directeur Général. Le Conseil d’Administration choisit entre les deux modalités d’exercice de la Direction Générale visées à l’alinéa qui précède ».
Cette résolution qui confine à l’évidence vise en fait à pallier une « imperfection » des statuts de Scor qui dans leur version présente et en vigueur au moins jusqu’à la prochaine assemblée générale, dispose comme la résolution nouvelle que le choix de l’organisation de la Direction Générale appartient au Conseil d’administration mais précise en préambule qu’il doit intervenir lors de la nomination du Président et seulement à ce moment précis. Denis Kessler ayant déjà été nommé Président, de Scor le 4 novembre 2002, le choix de réunir les fonctions de Président et de Directeur Général est donc à ce jour irréversible, une éventuelle renonciation aux fonctions de Directeur Général valant renonciation simultanée aux fonctions de Président.
A la lumière des annonces récentes concernant la gouvernance de Scor, on comprend mieux la nécessité urgente de modifier une disposition dont l’actuel Président de Scor s’était satisfait pendant 19 ans afin de prolonger encore sa présidence. « Il faut que tout change pour que rien ne change » Ce qui était vrai pour l’aristocratie sicilienne de la seconde moitié du XIXème siècle l’est tout autant pour l’aristocratie des affaires de ce début du XXIémesiècle. Les règles changent mais le but du jeu reste le même ; persévérer dans son être et accroître sa puissance. Hobbes appelait cela l’instinct de conservation, Spinoza le conatus.