Financement, modalités: François Hollande détaille son plan d’urgence pour l’emploi
François Hollande détaille lundi le financement et les modalités de son plan d' »urgence » contre le chômage, qui sera axé sur la formation, l’apprentissage et des aides à l’embauche pour les PME, dans l’espoir d’inverser enfin la courbe d’ici la fin du quinquennat.
Le président, qui entre dans la dernière année pleine de son mandat, l’a dit et redit: l’inversion de la courbe du chômage, qu’il promettait avant fin 2013, déterminera sa candidature à un second mandat en 2017.
Or, le temps presse avec 650.000 chômeurs supplémentaires inscrits à Pôle emploi depuis son élection en 2012. Et malgré une petite baisse, 3,57 millions de demandeurs d’emploi n’avaient aucune activité en novembre, selon les derniers chiffres de Pôle emploi.
En fin de matinée, François Hollande annoncera ses dernières mesures aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi, ainsi qu’aux principaux leaders syndicaux et patronaux, présents au Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Il a déjà révélé les principaux volets de son plan lors des vœux télévisés le 31 décembre: 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs, une aide à l’embauche pour les TPE et PME et des mesures en faveur de l’apprentissage.
Selon son entourage, François Hollande précisera lundi le financement du plan. Le ministre des Finances, Michel Sapin, a laissé entendre qu’il coûterait environ deux milliards d’euros à l’Etat. « Ce sont deux milliards de dépenses qui seront compensées intégralement par des économies ailleurs », a-t-il assuré.
Sur le volet formation, le gouvernement peut d’ores et déjà compter sur les partenaires sociaux qui viennent de se mettre d’accord pour faire en 2016 un effort supplémentaire de 80 millions d’euros par rapport à 2015. La question de la participation des Régions au financement reste posée.
Selon la ministre du Travail, Myriam El Khomri, les formations cibleraient les chômeurs les moins qualifiés et seraient axées sur les secteurs d’avenir (numérique, environnement…) et les emplois non pourvus. Des questions se posent toutefois sur les capacités d’accueil des organismes de formation.
– ‘Arroser le sable’ –
Le gouvernement prévoit également de lancer une aide exceptionnelle à l’embauche pour les TPE et PME. Si le montant, le calendrier et les modalités doivent être précisés lundi, plusieurs médias évoquent une prime de 1.000 à 2.000 euros pour toute embauche d’un salarié rémunéré jusqu’à 1,3 fois le Smic.
Elle s’ajouterait aux nombreuses primes déjà existantes pour les TPE, notamment la prime à la première embauche et celle pour l’accueil d’un apprenti mineur, toutes deux annoncées au printemps 2015.
Laurent Berger, numéro un de la CFDT, s’est dit dimanche « pas fan du tout », mettant en cause « des effets d’aubaine » pour les entreprises qui avaient de toutes façons décidé d’embaucher. Donc, « on arrose un peu le sable » alors que « ça coûte très cher ».
Le plan gouvernemental devrait aussi inclure de nouvelles mesures de relance de l’apprentissage, qui seront également précisées lundi.
En outre, le président se penchera sur la future réforme du Code du travail. Annoncée cet automne, elle doit donner une nouvelle architecture au Code du travail en deux ans, avec un objectif affiché de doper l’emploi. Initialement attendu le vendredi 22 janvier, le rapport sur ce sujet préparé par l’ancien ministre de la Justice, Robert Badinter, ne sera finalement remis que la semaine prochaine.
« Je pense que notre politique est la bonne », a estimé Manuel Valls, invité de l’émission « On n’est pas couché » samedi. « Avec une croissance davantage soutenue, avec des entreprises qui n’ont pas peur d’embaucher, parce que certains patrons notamment dans les PME ont peur de licencier, en faisant en sorte que le marché du travail soit plus souple, je pense que nous aurons des résultats », a-t-il estimé.
Selon un récent sondage Odoxa pour iTELE, 77% des Français pensent que le plan d’urgence ne fera pas baisser le chômage.