Le Front national est arrivé en tête dimanche au 1er tour des régionales avec un score national historique proche des 30%, qui le met en position de remporter plusieurs régions, devant la droite puis le PS, dans un pays en état d’urgence et encore traumatisé par les attentats du 13 novembre.
Pour le dernier test électoral avant la présidentielle, les différents instituts créditent le parti de Marine Le Pen d’entre 27,2 et 30,6% au niveau national, devant les Républicains-UDI-Modem (27% à 27,4%) et le PS et ses alliés (22,7% à 24%) mais qui dispose de davantage de réserves de voix, selon les premières estimations publiées à 20H00. EELV et ses alliés atteignent 6,6 à 6,8% des voix, le Front de gauche 3,7 à 4%. A droite Debout la France est entre 3,5 à 3,9%.
En Nord-Pas-de-Calais-Picardie (NPDCP), la dirigeante frontiste devrait dépasser les 40%, selon plusieurs instituts, devant les listes des candidats LR Xavier Bertrand (autour de 24%) et PS Pierre de Saintignon nettement sous les 20%. Selon l’Ifop, sa liste atteindrait 43%.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, sa nièce Marion Maréchal-Le Pen dépasserait également la barre des 40%, avec selon Ipsos 41,2%, loin devant le maire de Nice Christian Estrosi 26% et le socialiste Christophe Castaner (15,8%).
Dans ces deux régions, les deux héritières de Jean-Marie Le Pen sont en nette position de force pour le second tour, alors que la soirée de dimanche soir devrait être dominée par la question d’éventuels retraits de la gauche dans ces deux régions.
Le FN est « largement premier parti de France » a réagi dès 20H00 son vice-président Florian Philippot.
Lui-même est donné en tête avec 35% des voix pour sa liste en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, près de dix points devant Philippe Richert (LR-UDI-Modem) avec 26% et le PS très loin à 16,7%, selon Ipsos.
Le compagnon de Mme Le Pen, Louis Aliot, arrive lui aussi en tête avec 30,9% en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, plus de cinq points devant Carole Delga (PS, 25,5%), le candidat LR Dominique Reynié se retrouvant en position de retrait à 18,6%.
En Bourgogne-Franche-Comté, Sophie Montel voit sa liste arriver en tête avec 32,1% devant la droite de François Sauvadet (23,5%) et le PS (22,8%). Enfin, en région Centre, le FN est premier avec 30,5%, devant la droite à 25,8% et le PS à 24,5%.
– Le PS limite les dégâts dans 3 régions –
Après avoir déjà réalisé une percée spectaculaire en pourcentage lors des européennes de 2014 (24,9%) puis aux départementales de mars (25,2%), deux records consécutifs, le FN atteindrait ainsi une nouvelle marque maximale, moins d’un an et demi avant la présidentielle de 2017.
A droite, en Rhône-Alpes-Auvergne, les Républicains emmenés par Laurent Wauquiez seraient en tête à 29,5%, devant le FN à 27,4% et le PS à 23,4%, selon OpinionWay. Résultats similaires en Normandie, où la liste de droite emmenée par l’ancien ministre centriste Hervé Morin est créditée de 28,8%, de peu devant le FN de Nicolas Bay (27,2%) et le PS à 23,3%, selon Ipsos.
Les premières estimations concernant l’Ile-de-France, où la droite est donnée favorite, devraient être connues autour de 21H00.
A gauche, le PS limite la casse dans les trois régions qu’il espère conserver.
Le parti confirme son statut de favori en Bretagne, malgré la campagne en pointillé de la tête de liste Jean-Yves Le Drian, assuré s’il s’impose de rester ministre de la Défense. Selon Ipsos, PS 34,7% LR 22,4% et FN 18%
En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Alain Rousset (PS) est créditée de 31,5%, nettement devant la liste de droite de Virginie Calmels (25,9%) et le FN (22,8%).
Le vote se déroule pour la première fois dans le cadre des 13 grandes régions métropolitaines nées de la réforme territoriale et dans quatre régions et territoires d’outre-mer (Guadeloupe, La Réunion, Guyane, Martinique).
Côté abstention, selon les projections publiées par cinq instituts de sondages publiées en fin d’après-midi, l’abstention devrait s’établir à la clôture du scrutin entre 49% et 49,8%, soit près de quatre points de moins qu’au premier tour des régionales de 2010 (53,6%) et un score pratiquement égal à celui du premier tour des départementales de mars.
Comme attendu, la question du retrait ou du maintien des listes arrivées en 3e position à l’issue du 1er tour, dans les régions où le FN peut l’emporter en triangulaires, devrait donc dominer les débats dimanche soir. Des décisions difficiles à prendre, le retrait d’une liste signifiant pour un parti de n’avoir aucun élu au conseil régional pendant près de six ans.
A 21H30 dimanche, le PS doit réunir un bureau national extraordinaire, après avoir consulté ses partenaires et têtes de listes, puis faire connaître sa position.
Ouvert à des retraits ou fusions de liste avec la droite si nécessaire pour faire barrage au FN, le Premier ministre Manuel Valls, qui s’exprime habituellement dans les premières minutes après 20H00, pourrait ne pas s’exprimer avant lundi, selon son entourage.
Les Républicains, qui entendent pour leur part se maintenir quoi qu’il arrive, tiennent un bureau politique exceptionnel lundi matin (11H00) sous la présidence du chef de l’opposition Nicolas Sarkozy.