La Fnac a indiqué mardi avoir acquis le soutien de la majorité des actionnaires de Darty, ce qui pourrait lui permettre de prendre le contrôle effectif de l’enseigne d’electroménager, à moins d’une ultime surenchère de Conforama.
Mardi soir, le groupe d’Alexandre Bompard détient formellement 29,73% du capital de Darty, après avoir acquis un nombre très important d’actions Darty dans les dernières 24 heures, à la suite de l’annonce de sa nouvelle surenchère lundi.
A cela s’ajoutent des “engagements irrévocables” de deux des principaux actionnaires de l’enseigne d’electroménager, les fonds Knight Vinke et DNCA, d’apporter également leurs 22,1% de Darty à l’offre de la Fnac.
Techniquement, l'”agitateur culturel” pourrait donc devenir l’actionnaire majoritaire de Darty, avec 51,84% du capital. Mais pour cela, il doit d’abord officiellement déposer son offre d’achat auprès des autorités boursières anglaises. Cela sera fait “dans les prochaines semaines”, précise-t-il mardi soir.
Dans l’intervalle, la Fnac — qui a exclu de relever encore sa propre offre — n’est pourtant pas totalement à l’abri d’une éventuelle nouvelle surenchère de Conforama, qui détient formellement déjà 20,4% du capital de Darty.
Mardi soir, le titre Darty était repassé sous la barre des 170 pence, perdant 1,75% à la Bourse de Londres, après avoir atteint la veille les 172 pence. La Fnac a elle cloturé la journée sur une progression de 0,56%, à 54,25 euros.
Fnac et Conforama se livrent depuis plusieurs mois une bataille acharnée pour acquérir Darty. L’affrontement, débuté en septembre avec une première proposition de la Fnac contrée en mars par une première offre concurrente de Conforama, s’est subitement acceleré le 21 avril. En moins de 24 heures, Fnac et Conforama ont multiplié les surenchères.
Lundi, dans une ultime propostion, la Fnac a finalement réévalué à la hausse sa proposition, offrant 170 pence par action Darty contre 160 proposés par Conforama, faisant monter la valorisation de Darty à 1,16 milliard d’euros, là où l’enseigne d’ameublement proposait 1,09 milliard.
Le distributeur de produits culturels et électroniques propose également une alternative en échange d’actions. Il a également fait savoir qu’il disposait de ressources financières disponibles “suffisantes pour satisfaire l’intégralité de l’acceptation” de cette troisième offre.
La Fnac a récemment acquis auprès des banques une ligne de financement de 950 millions d’euros et peut compter sur le soutien de son dernier actionnaire en date, le groupe Vivendi, qui a récemment procédé à une augmentation de capital de 159 millions d’euros en prenant 15% de son capital.
Conforama de son côté dispose de l’appui de sa maison-mère, le géant sud-africain Steinhoff, qui dispose de près de 3 milliards de liquidités. Lundi, le groupe d’Alexandre Nodale a indiqué “étudier ses options”, pressant les actionnaires de Darty de ne prendre aucune décision hâtive. Il n’a depuis pas repris la parole.
Darty silencieux depuis jeudi
L’acquisition de Darty représente un enjeu important pour les deux distributeurs, chacun cherchant à acquérir ainsi des avantages concurrentiels décisifs, notamment face au géant américain Amazon ou au français CDiscount, dans un marché de l’électrodomestique très disputé et en phase de reprise.
S’emparer de Darty permettrait à la Fnac de renforcer sa stratégie de diversification, notammment dans les objets connectés et le petit électroménager, pour contrer le déclin de son marché historique, les produits culturels.
Le groupe fait miroiter que l’alliance avec Darty dégagerait 130 millions d’euros d’économies, notamment via des offres commerciales croisées, mais également via “l’optimisation de la logistique et de l’informatique” et des fonctions administratives.
Cet élément suscite l’inquiétude des syndicats, craignant des suppressions d’emplois. Ce week-end, ces derniers se sont donc prononcés en faveur de la proposition de Conforama.
Le mariage avec Conforama permettrait à ce dernier “de créer un leader français de la distribution de produits et accessoires de la maison, opérant sous des marques bien établies et complémentaires”.
Darty est depuis jeudi, resté silencieux. L’enseigne avait alors simplement indiqué prendre note des surenchères de ses deux prétendants, ajoutant que son conseil d’administration “allait soigneusement les examiner, avant de faire en temps voulu une nouvelle recommandation aux actionnaires”.