La Lettre A accusée de diffuser des informations trompeuses
En pleine procédure de conciliation depuis fin mai 2023, le groupe Casino a cité directement La Lettre A à comparaitre devant la 17e chambre correctionnelle pour diffamation. Alors que des négociations sensibles sont en cours avec des acteurs majeurs de l’économie française, le distributeur suscite de nombreuses convoitises dans un contexte financier sensible.
Selon les informations du Monde, le groupe Casino aurait déposé plainte pour diffamation contre le quotidien La Lettre A. Le groupe de distribution accuse en effet la lettre confidentielle d’avoir diffusé des informations « dénigrantes, diffamatoires, fausses et trompeuses », « susceptibles d’avoir un impact sur le cours de bourse perturbant ainsi le fonctionnement normal du marché ».
Selon les informations du Monde, le groupe Casino réclamerait donc 13,7 millions d’euros à la Lettre A. En cause ? La parution de neuf articles entre les mois d’avril et de juin 2023, en particulier deux articles publiés le 8 juin dernier, titrant sur « L’ombre de désertions en série plane sur le conseil de Casino » et « Rachat de Casino : InVivo jette l’éponge ». Publiés avant les communiqués officiels du groupe de distribution, ces articles, auraient en effet provoqué une chute de 2,26% du cours de l’action Casino, soit l’équivalent de la somme réclamée par le distributeur à la Lettre A.
Alors que le groupe Casino est engagé dans une procédure de conciliation avec ses créanciers et que des négociations décisives sont en cours avec des parties prenantes majeures dont Intermarché, Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière ou encore un trio composé de Xavier Niel, Mathieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, La Lettre A aurait notamment « faussement spéculé », sans vérifier au préalable ce qu’il en était, sur les démissions des membres du conseil d’administration « Thierry Billot, Béatrice Dumurgier et Maud Bailly », « alors qu’il n’en est rien », affirme un proche du groupe Casino – les trois personnalités mentionnées étant effectivement toujours en poste.
Outre le fond des propos tenus par La Lettre A, la temporalité de leur diffusion est mise en cause. La procédure de conciliation en cours, supervisée par l’Autorité des marchés financiers, oblige en effet le groupe Casino « à une vigilance accrue », selon cette même source.
Le groupe Casino, qui subit des attaques financières et informationnelles depuis l’année 2015 par le fonds spéculatif américain Muddy Waters, continue de susciter de nombreuses convoitises d’acteurs à l’affût, comme le révélait également Le Monde la semaine dernière.