La ministre du Travail Myriam El Khomri a estimé jeudi qu’il fallait “entendre” les “critiques” et les “incompréhensions” sur son projet de réforme du droit du travail, au lendemain de manifestations qui ont rassemblé plus de 200.000 personnes dans toute la France.
“Il y a des critiques qui s’expriment, des incompréhensions, des doutes sur cet avant-projet de loi”, a concédé la ministre sur France info, rappelant que le texte, “au conseil d’état”, “n’a pas encore été présenté en conseil des ministres”. “Cela a été ma méthode depuis le début” a-t-elle fait valoir, soulignant qu’elle avait répondu à la pétition lancée sur internet, qui a récolté plus d’1,2 million de signatures.
Interrogée sur l’ampleur de la mobilisation mercredi, où entre 400 et 500.000 personnes ont défilé selon les syndicats, plus de 224.000 selon le ministère de l’Intérieur, la ministre s’est refusée à rentrer “dans une bataille de chiffres”.
Invitée à dévoiler les pistes retenues par le gouvernement pour faire évoluer le texte, qui sera présenté le 24 mars en conseil des ministres, la ministre a précisé que la surtaxation des CDD demandée par les syndicats était “posée sur la table” mais dans le cadre de “la discussion avec les partenaires sociaux sur la nouvelle convention assurance chômage”.
Cette question “a un lien avec le projet de loi parce qu’elle vise à réduire la précarité”, a ajouté la ministre, estimant que la surtaxation de certains contrats courts adoptée en 2013 n’avait pas eu “l’effet escompté”.
“C’est posé, c’est sur la table, cela relève des partenaires sociaux”, a-t-elle insisté, alors que les négociations entre syndicats et patronat sur les futures règles de l’assurance chômage viennent de commencer.
Il s’agit d’une demande réitérée à chaque négociation sur l’assurance chômage par tous les syndicats.
Interrogée sur le possible abandon par le gouvernement de l’allongement du temps de travail des apprentis dans le cadre de sa réforme, la ministre a confirmé que “retirer” cette disposition était une piste “sur la table”.
“Aujourd’hui la possibilité de travailler 40 heures existe déjà avec une autorisation de l’inspection du travail”, a rappelé Mme El Khomri.
“Ce qui était proposé dans le projet de loi, c’était de rester à droit constant et de passer à un régime de déclaration (…) de changer le procédure administrative”, a-t-elle détaillé, reconnaissant que cela avait “provoqué en effet des questionnements légitimes”.
La ministre a dit souhaiter répondre ainsi “à l’ensemble des partenaires sociaux” et pas seulement aux jeunes mobilisés mercredi à l’appel des organisations étudiantes. “C’est l’objectif” des concertations en cours avec le gouvernement et dont “le bilan” sera donné “lundi” lors d’une réunion plénière, a-t-elle ajouté.