Air France : Quatre salariés licenciés, bientôt un cinquième, et onze mises à pied
Quatre personnes ont été licenciées pour faute lourde, une cinquième est en procédure, et onze autres sont mises à pied pour 15 jours chez Air France. Cette mesure fait suite aux violences survenues le 5 octobre dernier, entre des salariés et des membres de la direction.
Quatre salariés licenciés, un délégué syndical dans l’attente
Déjà mis à pied, les quatre salariés sanctionnés ont été licenciés pour faute lourde, c’est-à-dire sans indemnités ni préavis. Ils sont par ailleurs tous visés par une enquête judiciaire et seront jugés en correctionnelle pour violences le 2 décembre prochain. Un cinquième employé, représentant du personnel, est lui aussi dans le collimateur de la direction. Mais son licenciement est plus compliqué à mettre en oeuvre en raison de son statut de salarié protégé.
Le 5 octobre, deux dirigeants avaient été molestés et des vigiles blessés en marge du CCE, envahi par plusieurs centaines de salariés. L’image du DRH d’AirFrance, torse nu, chemise arrachée et escaladant un grillage pour échapper aux manifestants, a fait le tour du monde.
Dix-huit procédures disciplinaires avaient été engagées par la compagnie, dont cinq contre des salariés visés par une enquête judiciaire et renvoyés le 2 décembre en correctionnelle pour violences. Parmi ces cinq salariés, déjà mis à pied sans salaire, quatre ont été licenciés pour « faute lourde », a annoncé à l’AFP la compagnie. Ils ont reçu un courrier « en début de semaine ».
Issus principalement de la branche cargo, ils sont licenciés « sans indemnité ni préavis », a précisé à l’AFP Miguel Fortea de la CGT Air France.
Pour le cinquième, représentant (CGT) du personnel, une « procédure légale spécifique et plus longue » est engagée. Compte-tenu de son statut de salarié protégé, son licenciement doit être autorisé par l’inspection du travail et les instances du personnel consultées. Une réunion extraordinaire du comité d’établissement de la maintenance est prévue le 25 novembre, selon plusieurs sources syndicales.
Un sixième salarié échappe au licenciement et fera l’objet d’une mise à pied, d’après ces sources. A son égard, « les faits d’agressions physiques n’ont pas été retenus à la suite de l’entretien préalable », selon le porte-parole d’Air France.
Par ailleurs, onze salariés, tous salariés au sol également, ont écopé d’une mise à pied sans solde de 15 jours pour avoir participé, selon la compagnie, à l' »effraction » d’une grille d’accès. Pour les deux pilotes auxquels il est reproché d’avoir ouvert de l’intérieur les portes d’accès au siège, « la procédure se poursuit » et des « entretiens préalables se tiendront prochainement », selon Air France.
‘Une farce’
Les violences du 5 octobre avaient suivi l’annonce de près de 3.000 suppressions de postes potentielles en 2016 et 2017, faute d’accord avec les syndicats de navigants sur de nouvelles mesures de productivité.
Le Premier ministre Manuel Valls avait promis des « sanctions lourdes » contre les « voyous », François Hollande avait condamné des violences « inacceptables ». La compagnie affirme avoir pris ces décisions « de façon juste, équitable, proportionnée et rigoureuse » et rappelle que « le refus de toute violence » fait partie des « valeurs fondamentales » du groupe.
Elle précise que les salariés ont pendant dix jours la possibilité de déposer « un recours gracieux » pour « suspendre la sanction prononcée jusqu’au prononcé de la décision définitive ». Les syndicats interrogés par l’AFP soutiennent que les images tournées par des chaînes de télévision, sur lesquelles la direction s’appuie selon eux, ne permettent pas d’éclaircir les responsabilités des uns et des autres.
« C’est juste une farce », « on ne voit personne qui met un coup », a réagi un délégué Force ouvrière.
Il serait « plus intelligent de lever les sanctions » et « que la direction laisse son ego de côté », « c’est inadmissible et on se laissera pas faire », a prévenu Mehdi Kemoune, numéro 2 de la CGT, qui appelle les salariés à se mobiliser une nouvelle fois le 19 novembre.
Dans l’attente des conclusions de l’enquête policière, l’intersyndicale réclamait la suspension des mesures disciplinaires dénoncées par une partie de la gauche. La CGT avait promis « un conflit sans précédent » si la direction venait à licencier. « Ces salariés-là ont été pris par hasard » pour « faire des exemples », ils sont « condamnés par avance », avait tonné Miguel Fortea le 4 novembre devant les députés.
La direction a confirmé un millier de départs volontaires pour 2016. Elle pourrait en revanche renoncer à appliquer son plan de restructuration en 2017 à condition de parvenir rapidement à un accord de productivité. Les 2.000 autres coupes prévues seraient alors évitées.