Carnage à Paris, au moins 120 morts dans des attaques terroristes sans précédent
Au moins 120 personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans des attaques terroristes simultanées sans précédent à Paris et près du Stade de France vendredi soir, avec pour la première fois en France des actions kamikazes, notamment dans la salle de spectacle du Bataclan.
L’ampleur de la tragédie a placé la capitale dans un état de sidération, à un peu plus de deux semaines de l’ouverture de la conférence sur le climat (COP21) au Bourget, au nord de Paris, où sont attendus des dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement.
C’était “la guerre en plein Paris” relate, à l’image du Figaro, la presse à paraître samedi, qui appelle les Français à “faire front”. Au Bataclan, on dénombre des dizaines de morts. Selon la préfecture de police, les quatre assaillants de la salle de concerts sont morts, dont trois en actionnant leurs ceintures d’explosifs. Un assaut y a été mené par la police.
Les auteurs présumés de cette attaque ont invoqué l’intervention française en Syrie pour justifier leur action, a relaté un témoin à l’AFP. Quatre personnes sont mortes dans le secteur du Stade de France, dont “sans doute trois terroristes”, selon un bilan communiqué dans la nuit par une source proche de l’enquête.
Au total, six ou sept assaillants sont décédés au Bataclan et près du Stade de France, où se jouait un match de football France-Allemagne. Un policier a été blessé, selon le ministère de l’Intérieur. Le parquet a ouvert une enquête pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste pour faire toute la lumière sur ces attaques, les plus meurtrières en Europe occidentale de ces quarante dernières années après les attentats de Madrid le 11 mars 2004.
Le président François Hollande s’est rapidement rendu au Bataclan, dans le XIe arrondissement, où il a affirmé que “le combat serait impitoyable” contre “la barbarie”, dix mois après une précédente vague d’attentats jihadistes dans la capitale.
Auparavant, dans une allocution télévisée, le chef de l’Etat avait déclaré l’état d’urgence, demandé des renforts militaires. “C’est une horreur”, “des attaques terroristes sans précédent”, a-t-il déclaré. L’Elysée a ensuite annoncé la mobilisation de “1.500 militaires supplémentaires” et le rétablissement des contrôles aux frontières.
‘Six attaques simultanées’
En tout, six attaques simultanées ont été menées dans autant de sites, principalement dans les Xe et XIe arrondissements, avec de lourds bilans en particulier boulevard de Charonne (18 morts) et rue de La Fontaine-au-Roi (14 morts), a détaillé le procureur François Molins.
Les “terroristes”, les “assassins” ont “balayé avec des mitraillettes plusieurs terrasses de café”, a déclaré à la presse le préfet de police, Michel Cadot. Dès les attaques connues, les autorités ont recommandé aux Parisiens d’éviter de sortir sauf nécessité absolue et les hôpitaux de Paris ont déclenché leur plan d’urgence.
Au moins trois explosions ont retenti aux alentours du stade de France. Le public du match amical de football France-Allemagne, près de 80.000 personnes dont François Hollande, a été d’abord confiné puis évacué. L’une des explosions a été provoquée par un kamikaze, lui-même décédé.
Au Bataclan où avait lieu un concert de rock metal, “ils ont tiré en plein dans la foule en criant +Allah Akbar+”, a relaté un témoin sur France Info. “Il y avait plein de gens partout par terre”, a raconté le jeune homme, prénommé Louis.
“C’est une boucherie”, a soupiré un homme croisé par l’AFP non loin de là.
‘C’était surréaliste’
Rue Bichat, dans un restaurant, Le Petit Cambodge, “c’était surréaliste, tout le monde était à terre, personne ne bougeait”, a relaté une femme témoin des faits. “Une fille était portée par un jeune homme dans ses bras. Elle avait l’air morte”, a-t-elle ajouté.
Une cellule de crise a été mise en place au ministère de l’Intérieur. Un conseil des ministres exceptionnel s’est tenu à l’Elysée et le président de la République réunira un conseil de Défense samedi matin. Dans un mouvement d’unité nationale, les principaux partis ont annoncé la suspension de leur campagne en vue des élections régionales de décembre.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) et la plupart des grandes fédérations de mosquées ont condamné des attaques “abjectes”. Les établissements scolaires et universitaires d’Île-de-France seront fermés samedi et tous les voyages scolaires ont été annulés pour ce week-end en France.
Les réactions sont arrivées du monde entier. Le président Barack Obama a promis que les Etats-Unis allaient aider la France à “traduire les terroristes en justice”, le Kremlin a dénoncé des attaques “inhumaines”, la chancelière allemande Angela Merkel s’est dite “profondément choquée” par ces attaques “à l’évidence terroristes” et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu’Israël était au “coude à coude” avec la France. La Chine s’est déclarée “profondément choquée”.
Ces attentats surviennent alors que la France vit encore dans le traumatisme des attentats jihadistes de janvier contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et un supermarché casher à Paris, qui avaient fait 17 morts et ont été suivis de plusieurs autres attaques ou tentatives.
La dernière en date s’était produite le 21 août à bord d’un train à grande vitesse Thalys entre Bruxelles et Paris.
Depuis les attentats de janvier, le plan Vigipirate est à son niveau maximum en Île-de-France. Une mission de sécurité intérieure associée à ce plan est assurée sur tout le territoire par l’armée sous le nom d’opération Sentinelle.
La France participe depuis plus de deux ans à la coalition anti-Etat islamique en Irak et a commencé à mener des frappes sur la Syrie en octobre.