Le Crédit Agricole veut atteindre un bénéfice net de 7,2 milliards d’euros d’ici trois ans
Crédit Agricole veut atteindre un bénéfice net d’au moins 7,2 milliards d’euros à la fin de son plan stratégique 2016/2019, soit une hausse de 20% minimum par rapport à son résultat de 2015, a-t-il annoncé mercredi.
“Dans un univers où les taux d’intérêts sont bas et où la croissance est faible, il n’y a pas d’autres solutions que de maintenir les coûts à un niveau très bas”, a expliqué lors d’une conférence de presse le directeur général délégué Xavier Musca.
Une feuille de route, baptisée “Ambition stratégique 2020”
Crédit Agricole SA (Casa), l’entité cotée du groupe, vise une progression similaire de son bénéfice net, afin qu’il dépasse les 4,2 milliards d’euros en 2019, ainsi qu’une augmentation de ses revenus d’au moins 1,5% par an en moyenne sur la période du plan. Cette croissance doit être réalisée sans acquisition et en misant notamment sur les synergies possibles entre les différents métiers.
“Nous avons fait le choix d’un plan prudent avec des objectifs réalistes en misant sur la croissance organique”, a souligné auprès de l’AFP Jack Bouin, premier vice-président de la Fédération nationale du Crédit Agricole (FNCA), l’organe politique du groupe mutualiste. Cette feuille de route, baptisée “Ambition stratégique 2020”, prévoit aussi la mise en oeuvre de la simplification de la structure capitalistique du groupe, annoncée en février lors de la publication des résultats annuels.
Celle-ci consiste en la cession des parts détenues par Crédit Agricole SA dans les caisses régionales pour un montant de 18 milliards d’euros à SACAM Mutualisation, une entité entièrement détenue par lesdites caisses. L’autre projet de réorganisation, dans le cadre duquel la FNCA devait récupérer les pouvoirs d’organe central détenus par Casa, ne figure pas dans le plan, après avoir été mis entre parenthèses l’an passé en raison de contraintes réglementaires.
“Nous présentons un plan à moyen terme du groupe fondé sur un collectif plus fort, juste après avoir annoncé le projet de simplification capitalistique. Toute opération ultérieure que nous pourrions envisager en serait facilitée”, a toutefois relevé M. Bouin, semblant ne pas exclure un retour de ce dossier.
Investir 7,7 milliards d’euros
Pour parvenir à atteindre ses objectifs, Crédit Agricole entend s’appuyer sur la complémentarité de ses différentes composantes. Les synergies de revenus, qui représentaient le quart de son produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d’affaires) en 2015 à 7,8 milliards d’euros, doivent ainsi progresser d’un milliard d’euros en quatre ans.
Il a aussi prévu d’investir 7,7 milliards d’euros sur la période pour soutenir son développement, dont 4,4 milliards d’euros chez Crédit Agricole SA, essentiellement pour poursuivre la transformation numérique du groupe. Dans le même temps, Casa doit améliorer son efficacité opérationnelle en réalisant 900 millions d’euros d’économies de coûts annuelles, par exemple en rationalisant les achats.
“Prudence structurelle”
Pour la direction de Crédit agricole, ce nouveau plan stratégique, concentré sur le coeur de métier de son modèle de “banque universelle de proximité” doit marquer une nouvelle étape de l’histoire récente du mutualiste. Ce dernier s’était lancé dans les années 2000 dans une phase d’expansion et d’internationalisation à coup d’acquisitions pas toujours heureuses, notamment en Grèce, un cycle brutalement interrompu en 2008 par la crise financière.
Contraints durant les dernières années à réduire drastiquement le bilan et à sortir de différents métiers et zones géographique, les dirigeants estiment être revenus à l’ADN du mutualiste, notamment à une “prudence structurelle”. Cette dernière s’exprime notamment par l’objectif de renforcer la solvabilité financière en faisant passer le ratio core equity tier one du groupe de 13,7% en 2015 à 16% en 2019.
Concentré sur sa croissance organique sur les marchés français et italien, le Crédit agricole ne laisse la porte ouverte à des acquisitions que dans les seuls domaines de la gestion d’actifs et de la banque privée.
Le groupe pourrait se désengager de pays jugés non stratégiques dans lequel il lui reste des activités.
Crédit agricole compte néanmoins investir lourdement en interne avec un plan de 7,7 milliards d’euros, qui servira notamment à financer la digitalisation de la banque.
Une dernière étape reste encore à franchir pour achever la mue en cours : la réorganisation de l’organe central, actuellement logé au sein de Casa, dans une nouvelle structure de tête pour l’ensemble du groupe. Le directeur général Philippe Brassac a précisé durant la conférence de presse organisée mardi soir que si le projet faisait toujours sens à terme, la priorité actuelle allait à la simplification capitalistique.
Cette opération est néanmoins contestée par certains porteurs de certificats d’investissement des caisses régionales qui veulent aussi pouvoir revendre leurs parts au même conditions que Casa.