Les découvreuses d’un outil de modification de l’ADN recommandent la prudence
Parfois, la Science s’envole et prend les commandes de la génétique sans se soucier des questions d’éthiques. Ce problème semble se poser avec le génome CRISPR-Cas9, car les risques de dérives ne sont pas à négliger.
les chercheuses Emmanuelle Charpentier – la Française – et Jennifer Doudna – l’Américaine – préfèrent modérer l’excitation qui peut accompagner leur technologie. Il faut dire qu’il s’agit ni plus ni moins de modifier le génome, le code qui définit nos cellules. Un outil à double tranchant.
En octobre, le Comité international de bioéthique de l’Unesco a ainsi appelé à un moratoire sur les techniques d’édition de l’ADN des cellules reproductrices humaines afin d’éviter une modification « contraire à l’éthique » des caractères héréditaires des individus, qui pourrait faire resurgir l’eugénisme.
Des ciseaux génétiques qui posent une question primordiale d’éthique
Le secteur de la biologie réalise des progrès qui permettent de sauver des vies ou d’améliorer le quotidien des patients. Pour cela, les scientifiques sont contraints de jouer avec les limites et Jennifer Doudna a découvert les ciseaux génétiques. Ce procédé qui s’articule autour de l’ADN demande une attention particulière, car les possibilités sont nombreuses. En parallèle, cette découverte peut s’avérer dangereuse notamment si elle est manipulée sans aucune précaution. Cela pourrait donc entraîner des dérives inquiétantes et la communauté des scientifiques est mitigée.
Une découverte révolutionnaire pour soigner des maladies
Dans tous les cas, le génome CRISPR-Cas9 a permis à Jennifer Doudna qui a collaboré avec Emmanuelle Charpentier de décrocher une nomination pour le Prix Nobel de Chimie. Il faut noter que le procédé est révolutionnaire puisqu’il permet d’éditer le génome. Par conséquent, les personnes compétentes auraient la capacité de découper des brins d’ADN et les conséquences pourraient être prometteuses. En effet, avec cette méthode, les médecins auraient les capacités nécessaires pour trouver des solutions en vue de soigner des maladies génétiques. Si certains sont enthousiastes, d’autres sont quelque peu frileux lorsque ce genre de procédé arrive sur le devant de la scène.
Une ligne à ne pas franchir avec le génome CRISPR-Cas9
La manipulation de la génétique a toujours tendance à créer des inquiétudes, car des dérives sont tout à fait possibles. Jennifer Doudna affirme qu’il y a une question éthique et elle est « de savoir qui veut appliquer ces techniques […] qui décide de les employer, et dans quel but ». Plusieurs réponses sont donc à apporter au préalable, car de tels ciseaux pourraient donner des idées à certains parents. En effet, en jonglant avec les brins d’ADN, cette même méthode qui soignerait des patients permettrait de choisir la couleur des yeux d’un futur bébé ou de décider de sa taille… C’est pour cela que la plus grande prudence doit être au rendez-vous. Dans tous les cas, elle est enthousiaste, car la technique s’est répandue dans plusieurs laboratoires au cours des quatre années qui ont suivi la découverte.
En ce qui concerne les domaines d’application, elle a précisé que le génome serait utilisé pour des maladies liées au foie, au sang et à l’œil.