L'ONG britannique Oxfam pointe du doigt le recours des grandes banques européennes aux paradis fiscaux, où elles réalisent le quart de leurs profits.
Malgré les scandales sur l’évasion fiscale comme l’affaire des Panama Papers, le sujet est loin d’être clos. En cause, les grands établissement bancaires qui n’ont pas froid aux yeux et continuent d’avoir recours aux paradis fiscaux pour éviter les impôts dans les pays peu avantageux. L’ONG britannique Oxfam pointe du doigt plusieurs banques dans un rapport révélé ce lundi 27 mars. Elles réaliseraient près d’un quart de leurs bénéfices dans des pays à basse fiscalité.
25 milliards de bénéfices dans les paradis fiscaux
Dans son étude avec le réseau Fair Finance Guide, l’ONG dénonce le recours abusif de plusieurs établissements européens au paradis fiscaux. D’après son rapport, les 20 plus grandes banques d’Europe déclareraient 26% de leurs bénéfices, soit 25 milliards d’euros, dans des paradis fiscaux. Ce chiffre qui peut sembler étonnant de prime abord, l’est encore plus une fois qu’on rentre dans le détail.
Oxfam dénonce un « décalage flagrant » entre les revenus déclarés dans les paradis fiscaux et l’activité économique réelle des banques sur place. Alors que 26% des bénéfices y sont reportés, ces pays avantageux ne représenteraient que 12% du total de leur chiffre d’affaires et seulement 7% de leur nombre d’employés. Pire encore certaines banques déclarent « au global 628 millions d’euros (de bénéfices) dans des paradis fiscaux où elles n’ont pourtant aucun employé ».
Décalage entre les résultats et l’activité réelle
Des chiffres « qui dépassent parfois l’entendement, montrent l’étendue du problème et l’impunité totale qui entoure les pratiques des plus grandes banques européennes dans les paradis fiscaux », selon la co-auteure du rapport Manon Aubry. De telles pratiques permettent de « délocaliser artificiellement leurs bénéfices pour réduire leur contribution fiscale, faciliter l’évasion fiscale de leurs clients ou contourner leurs obligations réglementaires » dénonce également l’ONG.
Parmi les 58 juridictions considérées comme des paradis fiscaux ont retrouve les Iles Caïmans mais aussi Hong Kong, le Luxembourg ou l’Irlande, qui rentrent dans les critères propres à l’ONG avec leur taux d’imposition effectif faible. L’étude se base aussi sur des données « pays par pays » dont la publication a été rendue obligatoire pour les banques par l’Union européenne à des fins de transparence.