Projet de fusion Fiat Chrysler / Renault : Bercy a-t-il eu une position incompréhensible ?
Alors que l'alliance Fiat Chrysler (FCA) / Renault aurait fait naître le 3e constructeur mondial, la fusion a capoté dans la nuit de mercredi à jeudi.
Ce jour, Fiat-Chrysler a retiré sa proposition de fusion avec Renault. Pour le constructeur les conditions politiques ne sont pas réunies en France pour un tel rapprochement. Interviewé sur Franceinfo, Élie Cohen chercheur au CNRS a répondu à cette question : “L’État français s’y est-il mal pris ?”. “Selon moi, oui. Et depuis le début. Je vous rappelle que la détérioration des relations entre Renault et Nissan date de l’initiative du gouvernement français de monter dans le capital de Renault, non pas en mettant de l’argent, mais en doublant ses droits de vote. Cela avait exaspéré les Japonais et conduit à la remise en cause de l’accord qui régit les relations entre les deux entreprises. Après, il y a eu le coup d’État anti-Ghosn, quand Carlos Ghosn n’a pas été soutenu par le gouvernement français. Donc, au départ, ce sont ces initiatives du gouvernement qui ont affaibli le rôle de Renault dans Nissan. Et là, l’État français fait à nouveau capoter l’alliance avec Fiat. La direction de Renault est décrédibilisée et le groupe est en quête d’une nouvelle stratégie. L’État se prétend stratège, prétend avoir une politique industrielle, or il n’est pas stratège et n’a pas de politique industrielle. Il est obsédé par les enjeux d’emploi, les problèmes de fermetures d’usines et d’équilibre de bassins d’emploi“, détaille l’économiste.
Bercy justifie sa prudence
Pour se défendre, Bercy explique que la position de l’État est cohérente depuis le début “Nous étions tout à fait ouverts à une consolidation potentiellement créatrice de valeur, mais avec des conditions fermes. Qu’elle se réalise dans le cadre de l’Alliance, que les emplois et les sites soient préservés, et avec une gouvernance respectueuse des intérêts des deux groupes. On ne se lance pas dans une opération d’une telle ampleur, à 30 milliards d’euros de capitalisation et des centaines de milliers d’emplois, sans prendre un peu de temps. FCA n’a malheureusement pas souhaité attendre“.
Dans un communiqué, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a précisé prendre acte de la décision de Fiat Chrysler “Dès la présentation de cette offre, l’Etat, actionnaire de Renault à 15,1%, l’a accueilli avec ouverture. D’ailleurs, un accord avait été obtenu sur trois des quatre grands sujets sur la table des négociations, avant leur rupture“. Selon une source, cette situation est dommageable pour toutes les parties…