Les forces de l’ordre sont déployées pour assister et accompagner la population, mais parfois des dérives ont lieu. Ces violences policières ont été pointées du doigt dans un rapport et le constat est alarmant.
L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) dénonce le “manque de transparence” des autorités au sujet des violences policières et lance lundi une campagne de mobilisation pour “briser le silence”. “A l’exception de quelques affaires très médiatisées, les cas de blessures ou de décès au cours d’interventions des forces de l’ordre sont très peu connus des citoyens, et le sujet est largement ignoré de tous”, indique un rapport de l’association publié lundi.
89 dossiers étudiés à propos des violences policières
C’est le fruit du travail de l’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture. Dans la journée du 14 mars, elle a partagé un dossier qui s’est focalisé pendant plus d’un an sur les violences policières. Si ces dernières sont souvent relayées pour les forces de l’ordre américaines, ce n’est pas vraiment le cas pour la France. Comme les couvertures médiatiques sont peu nombreuses, certains pourraient penser qu’elles n’existent pas. En réalité, l’Association aurait pu constater qu’il y aurait une réelle impunité dans plusieurs affaires. Les chiffres sont assez alarmants, car depuis 2005 , 89 enquêtes ont été identifiées et elles ont donné lieu à 26 décès, 22 blessures graves et 29 blessures ont même été irréversibles.
Les policiers bénéficient d’une certaine impunité
Dans son rapport, elle insiste sur le fait qu’il s’agit d’un échantillon et que la réalité serait encore plus dramatique. Par conséquent, les violences policières en France semblent être beaucoup plus nombreuses qu’on pourrait le penser. Elle voudrait que le silence soit brisé, car certaines méthodes employées seraient pointées du doigt au vu des désagréments référencés. De ce fait, les forces de l’ordre auraient massivement recours à la technique d’immobilisation via le flashball qui serait potentiellement dangereux pour les victimes.
Le taser a été à l’origine de 4 décès en France
En parallèle, cette Association partage son effroi lorsqu’elle révèle que des forces de l’ordre évoluent dans une sorte d’impunité. Les policiers auraient modifié leur stratégie, car si auparavant, ils tendaient de maintenir l’ordre tout en restant à distance des opposants, la donne serait aujourd’hui totalement différente. En effet, lors d’une intervention, il ne serait pas rare de les voir « attaquer la foule » et les armes sont de plus en plus utilisées depuis 1990. Les policiers auraient à leur disposition le flashball comme nous l’avons précisé, mais il y a également le taser qui délivre une décharge de 50 000 volts et elle aurait causé la mort de 4 personnes.
2 958 signalements en 2015
L’Acat réclame d’encadrer plus strictement l’usage de certaines armes (Flashball, Taser) et techniques d’interpellation et de mettre le débat sur la place publique. “L’usage de la force, légitime et reconnue par la loi, peut parfois malheureusement entraîner des blessures et des morts”, explique l’Inspection générale de la police nationale, qui contrôle les 140 000 policiers. “Pour autant, leur nombre est réduit et n’augmente pas”, ajoute-t-elle, faisant valoir “l’agressivité croissante contre les forces de l’ordre” avec 5 736 policiers blessés en mission en 2015. Pour l’IGPN, “les armes de force intermédiaire (pistolet à impulsion électrique, lanceurs de balles de défense…) répondent à un besoin.
Sans elles, ce serait, dans certaines situations, rien ou le Sig Sauer, (pistolet en dotation à la police nationale, ndlr)”. Un outil de suivi de l’usage des armes a été mis en place en 2012 pour analyser et faire évoluer en conséquence les doctrines d’emploi. En matière de contrôle interne, l’IGPN estime “être de plus en plus exigeante”. En 2014, la police a prononcé 2 098 sanctions disciplinaires dont 63 exclusions. En 2015, l’IGPN a reçu 2 958 signalements sur sa plateforme, mise en place en septembre 2013. Depuis son lancement, pour 7 315 signalements reçus, 2 330 ont donné lieu à une enquête et des manquements ont été mis au jour dans 223 dossiers (12,2% des dossiers traités), concernant 281 fonctionnaires. “Jamais, il n’a été aussi facile de présenter une plainte”, estime l’IGPN.