Rémunération des fonctionnaires: Un nouveau rendez-vous salarial sous haute tension
Les syndicats de fonctionnaires ont rendez-vous jeudi avec la ministre de la Fonction publique Annick Girardin pour un premier rendez-vous salarial très attendu après six années de gel des augmentations générales, dans un climat social très tendu.
Le Premier ministre Manuel Valls a tenté de déminer le terrain mardi en annonçant qu’il y aurait “un geste significatif” sur le point d’indice, gelé depuis 2010 et qui sert au calcul des rémunérations des fonctionnaires. Il a cependant insisté sur la nécessité de “changer” et “moderniser” une “certaine conception de l’État et des services publics”.
“Ni les montants, ni le calendrier” ne sont fixés, avait indiqué le ministère lundi, après des chiffres parus dans la presse mentionnant une possible “hausse comprise entre 0,5% et 1%, soit 1,75 milliard d’euros pour l’ensemble de la fonction publique”.
“Insuffisant à nos yeux”, a commenté la CGT, à l’instar des principales organisations syndicales.
“L’heure est au rapport de force”, a déclaré à l’AFP Jean-Marc Canon de la CGT (1e force syndicale) qui a “mis à disposition un préavis de grève couvrant la période du 17 au 31 mars”, afin que les agents des trois versants de la fonction publique (État, territoriale, hospitalière) puissent se mobiliser, autant pour leur pouvoir d’achat que contre le projet de loi El Khomri sur la réforme du droit du travail.
L’Unef (étudiants), soutenue par la CGT et FO, appelle à une nouvelle mobilisation jeudi, les syndicats les plus remontés contre le projet de loi Travail ayant aussi choisi le 31 mars comme nouvelle journée d’action.
Après une mobilisation bien suivie le 26 janvier à l’appel de la CGT, FO (troisième force syndicale) et Solidaires (sixième), les fonctionnaires menacent d’une nouvelle grève le 22 mars.
Le projet de loi Travail, qui prévoit notamment d’adapter le compte personnel d’activité (CPA) à la fonction publique, “conditionne beaucoup de choses”, souligne toutefois FO qui en “exige le retrait” et appelle à se mobiliser le 31 mars, jugeant contre-productive une mobilisation des seuls fonctionnaires avant cette date.
“Sept milliards d’euros” d’effort
La ministre Annick Girardin s’était déclarée favorable, la semaine dernière, à une “hausse générale” et “significative” des rémunérations des fonctionnaires, qui ont contribué à hauteur de “sept milliards d’euros” à l’effort de redressement des finances publiques.
Les organisations syndicales réclament majoritairement une revalorisation significative du point d’indice gelé à 4,63 euros depuis 2010. Il “a décroché de 7 à 8% par rapport à l’inflation depuis 2010”, souligne la CGT, tandis que FO parle de “8% de perte de pouvoir d’achat”.
La CFDT (deuxième force syndicale) a annoncé qu’elle ne se contenterait pas de “mesurettes”, estimant qu'”il y a urgence à traduire dans la rémunération la reconnaissance de l’action quotidienne des fonctionnaires pour un service public de qualité”.
“Il faut laisser à la négociation la possibilité d’être utile”, estime l’Unsa (quatrième force syndicale), qui ne souhaite “pas de rattrapage” mais que le point d’indice soit dégelé. La FSU (premier syndicat d’enseignants, deuxième dans la fonction publique d’État) a également prévenu que les fonctionnaires “n’accepteront pas de mesures symboliques”.
“Je ne sais pas où le Premier ministre met la barre. Il y a encore beaucoup d’incertitudes. La fonction publique c’est 20% de l’emploi en France, nous ne laisserons pas passer ce rendez-vous salarial sans dire ce que nous avons à dire. On se prépare à mobiliser le 22 mars”, a déclaré à l’AFP Bernadette Groison, sa présidente, en ajoutant que la FSU se mobiliserait en soutien à toutes les autres actions prévues par ailleurs contre le projet de loi Travail.
Le rendez-vous salarial, prévu par le protocole sur les parcours, les carrières et les rémunérations des agents (PPCR), devait se tenir en février. Il a pris du retard pour cause de remaniement.
Les fonctionnaires font l’objet d’attaques répétées de la droite, et notamment de Nicolas Sarkozy, qui s’est fixé “comme premier objectif”, lors d’une convention de son parti (LR) consacrée à la fonction publique, de “supprimer entre 300.000 et 350.000 postes de fonctionnaires” en un quinquennat.