Le virus Zika serait aussi responsable de la myélite aiguë
Plus les jours défilent, plus les désagréments occasionnés sont nombreux. Les scientifiques ont trouvé un lien avec les microcéphalies et désormais, c’est la myélite aiguë qui est projetée sur le devant de la scène.
Les effets secondaires du virus Zika ne cessent de s’allonger
Il y a quelques jours, les chercheurs ont pour la première fois expliqué que cette maladie était à l’origine des microcéphalies qui touchent les bébés. D’autres études ont montré que le syndrome de Guillain-Barré était lui aussi favorisé par le virus Zika. Ce dernier se caractérise par des symptômes assez bénins et classiques, mais les effets secondaires ou les désagréments peuvent par contre être très importants et même mortels. Dans une nouvelle enquête, les scientifiques ont annoncé qu’il fallait désormais ajouter une autre maladie provoquée par ce virus et il s’agit de la myélite aiguë qu’il ne faut pas prendre à la légère.
Un côté gauche totalement paralysé à cause de la myélite aiguë
Alors que les microcéphalies touchent la boîte crânienne, la myélite aiguë s’attaque à la moelle épinière. Cette dernière étant le centre de la motricité, des troubles moteurs sont donc référencés. Le premier patient est une jeune adolescente de 15 ans et elle a fait l’objet d’une étude publiée dans la revue The Lancet. Elle a été hospitalisée en Guadeloupe à Pointe-à-Pitre au CHU à cause d’une hémiplégie référencée du côté gauche. Elle ne pouvait plus utiliser sa jambe ni son bras de ce même côté. Après plusieurs tests, les médecins ont pu faire le lien avec le virus Zika et cela ne devrait pas rassurer les habitants de la planète qui sont déjà affolés par cette maladie transmise par voie sexuelle et via le moustique tigre.
Une nette amélioration après son hospitalisation
Lorsque la myélite aiguë a été identifiée, les professionnels de la Santé ont prescrit à la jeune adolescente un traitement anti-inflammatoire et une amélioration a pu être observée près d’une semaine après son hospitalisation. Un avantage a également été listé, car les effets secondaires ne seraient pas permanents, car elle a retrouvé au fil des jours ses capacités motrices. Près de 30 jours plus tard, elle ressentait toujours une petite gêne, mais les symptômes étaient loin de ceux d’une hémiplégie.
« C’est le premier cas publié avec une preuve du lien (entre Zika et myélite, ndlr) en raison de la présence du virus dans le liquide céphalorachidien neuf jours après le début des signes cliniques » de la patiente, a déclaré mardi à l’AFP Annie Lannuzel, chercheuse à l’Inserm et dont les travaux ont été publiés dans The Lancet.
Les autres virus, de maladies comme la varicelle, le zona, l’herpès, la légionellose et les maladies inflammatoires, tous susceptibles de causer une myélite aiguë, ont en outre été écartés, à l’issue de tests sanguins négatifs, a-t-elle ajouté. La patiente était toujours hospitalisée mardi mais ses jours ne sont pas en danger.
Ce cas renforce l’hypothèse du caractère « neurotropique » de Zika, c’est-à-dire qu’il a « une affinité pour le système nerveux », a commenté Mme Lannuzel.
Complications neurologiques
« Il met en évidence l’existence de complications neurologiques en phase aiguë de l’infection, les syndromes de Guillain Barré étant des complications post-infectieuses », ont en outre précisé le CNRS et l’Inserm. Dans le cas de Guillain-Barré, le virus affecte le nerf périphérique alors que dans celui de la myélite, il atteint la moelle épinière, ce qui a pour conséquence d’affecter les quatre membres avec des manifestations motrices ou sensitives, a également expliqué Mme Lannuzel.
« Le message est que Zika ne touche pas que la femme enceinte et qu’il n’est pas forcément bénin », a insisté la chercheuse.
Bien que rare, la myélite peut en effet laisser de graves séquelles motrices. Le traitement de cette maladie inflammatoire se fait par injection de fortes doses de cortisone.
Jusqu’à présent, les scientifiques s’accordaient à dire que Zika, qui sévit en Amérique du Sud et aux Caraïbes, présente le plus de risques pour les femmes enceintes, le virus s’attaquant aux cellules cérébrales du foetus en développement. Au Brésil, les autorités ont établi que des centaines de bébés nés de mères infectées souffrent de microcéphalie, une malformation grave et irréversible se caractérisant par une taille anormalement petite du crâne.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a conseillé mardi aux femmes enceintes de ne pas se rendre dans les zones affectées, estimant que même si le lien n’était pas définitivement établi entre Zika et la microcéphalie, les informations sur le virus étaient « alarmantes ».
Elle avait déjà estimé en février qu’un possible lien entre Zika et l’explosion des cas de microcéphalie constituait « une urgence de santé publique de portée internationale ». L’organisation s’attend à une propagation « explosive » de cas de Zika dans les Amériques, avec trois à quatre millions de contaminations cette année.
Pays le plus touché par l’épidémie, le Brésil compte déjà plus d’un million et demi de cas de Zika depuis 2015, et 583 cas de microcéphalie y ont été confirmés depuis octobre 2015, soit quatre fois plus que la moyenne annuelle historique. Une étude, publiée vendredi dans une revue américaine, a démontré pour la première fois scientifiquement le lien de cause à effet entre Zika et microcéphalie.
D’autres travaux avaient été publiés quelques jours plus tôt établissant par ailleurs un lien entre ce virus et le syndrome de Guillain-Barré qui peut entraîner à la fois une paralysie des membres et une atteinte respiratoire.
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Myélite transverse
La myélite transverse (MT) est un syndrome neurologique traduisant une inflammation de la moelle épinière pouvant toucher l’adulte comme l’enfant.
Son étiologie est encore mal comprise, mais semble principalement auto-immune car elle survient souvent après une infection virale (herpès, mycoplasme, EBV, CMV, VIH…), ce qui laisse penser qu’il s’agit d’une « mauvaise » réaction de l’organisme qui au lieu de protéger ses cellules se retourne contre certaines d’entre-elles. Ce syndrome est classé parmi les maladies neuro-immunologiques du système nerveux central (comme l’encéphalomyélite aiguë disséminée (EMAD), la névrite optique, et la neuromyélite optique, aussi dénommée maladie de Devic.
Cette maladie est peu commune, sans être une maladie rare (un à cinq cas par million dans la population générale selon les estimations étudiées par Jeffery et al. en 1993). Elle n’affecte qu’une partie de la moelle, avec donc des symptômes habituellement bilatéraux dont la nature dépendra de l’étendue et de la localisation des lésions inflammatoires.
La myélite transverse aiguë (ou MTA) idiopathique, d’étiologie encore inconnue est une maladie immunitaire inflammatoire démyélinisante de la moelle épinière présentant des manifestations motrices, sensitives et autonomiques (incidence annuelle : estimée entre 1/1 000 000 et 1/250 000, selon les études). Elle est souvent précédée d’une virose (trois semaines plus tôt), concernant souvent les voies respiratoires supérieures), faisant évoquer « une réponse immunitaire tardive dirigée contre une infection microbienne récente qui cible accidentellement la moelle épinière ». Plus d’informations sur Wikipedia Santé