Fact Checking : Envol Vert est-elle une association financée par Carrefour ?
Alors que la polémique ne cesse d’enfler, l’association de lutte contre la déforestation, Envol Vert a fait valoir son droit de réponse.
Aucuns liens financiers ni même partenariats avec le groupe dirigé par Alexandre Bompard selon l’association. Pourtant plusieurs médias s’interrogent sur les liens qu’elle entretient avec Carrefour notamment au regard des accusations formulées à l’égard de concurrents du géant de la distribution. Intox ou réalité, que faut-il retenir de cette énième polémique sur les liens entre ONG et entreprises ?
Envol vert n’a pas de liens financiers avec Carrefour
Confronté à une controverse autour de ses liens avec le groupe Carrefour, Envol Vert s’est résolu à un exercice de transparence, dans un communiqué, publié sur son site, le mardi 7 juillet. Il faut dire que depuis plusieurs jours l’association est sous pression à mesure que diverses sources soulignent une certaine connivence entretenue avec l’enseigne de distribution. Une polémique exacerbée par l’article du site web d’investigation Disclose qui accuse, preuve à l’appui, le groupe Carrefour d’être complice de la déforestation en Amazonie. Une situation embarrassante pour l’association qui a fait de la lutte contre la déforestation sont cheval de bataille.
Tout d’abord, ce sont d’éventuels liens financiers entre Envol Vert et Carrefour qui ont suscité la polémique. Rien d’étonnant alors que de nombreuses ONG sont financées par des groupes privés. Et cela, en échange d’un partage de compétences pour mener à bien les politiques RSE et d’une amnistie pour préserver l’image de marque des grands groupes.
De simples fake news selon Envol Vert, qui précise n’avoir reçu aucun apport financier, ni aujourd’hui ni hier, de la part du groupe Carrefour. En gage de transparence, l’association est allée plus loin en dévoilant la liste de ses mécènes. Aucune trace du groupe Carrefour. Plus encore, l’association s’est défendue d’avoir une quelconque dépendance financière, en ajoutant que sur la “trentaine de partenaires privés”, “aucuns ne représente plus de 11% du budget de l’association”. Des éléments qui tendent à prouver l’absence de liens financiers entre l’association et le groupe présidé par Alexandre Bompard.
Deux membres de l’association ont bien travaillé avec Carrefour
Outre des liens financiers, la présence dans les instances dirigeantes de l’association d’une ex-salariée du groupe Carrefour a contribué à entretenir la polémique. Sur le site de l’association, il est précisé que Stéphanie Mathey, trésorière et membre du Conseil d’administration, a travaillé “pendant 3 ans à la qualité des produits Carrefour puis pendant 7 ans à leur responsabilité sociale et environnementale”. À ce titre, elle avait livré en 2018, pour France Info, les raisons qui l’avaient poussé à franchir la porte d’Envol Vert, après plus de dix années d’expérience dans le secteur privé. Par l’intermédiaire de son communiqué, l’association a précisé que celle-ci avait quitté le groupe en amont de son adhésion à l’association.
Afin de prévenir une autre polémique, Envol Vert a précisé qu’un deuxième membre de l’association avait entretenu des liens avec le groupe Carrefour. Boris Patentreger, cofondateur d’Envol Vert, a été consultant pour le compte de l’enseigne via une mission liée à un projet de cacao en Côte d’Ivoire.
Néanmoins, dans son communiqué, l’association n’a pas fait état du partenariat entre Carrefour et Envol Vert, en 2017, afin d’augmenter la transparence et la traçabilité des chaînes d’approvisionnement pour être en conformité avec les objectifs zéro-déforestation. Si le partenariat n’a été que de courte durée, les deux organisations ont eu l’occasion de se rencontrer et de travailler ensemble comme le soulignait l’association dans son rapport d’activité de 2017.
Les justifications erronées d’Envol Vert
Si Envol Vert a choisi de cibler le groupe Casino, concurrent de Carrefour, pour dénoncer la responsabilité des entreprises françaises en matière de déforestation, c’est en raison de son statut de “premier distributeur au Brésil”. Une information incorrecte puisqu’un article de Les Echos, a précisé, en février 2020, que le distributeur Carrefour creusait l’écart avec son concurrent Casino au Brésil. Résultat de l’acquisition de 30 magasins de l’enseigne Makro et d’une présence de plus de 45 ans sur le marché Brésilien.
Plus encore, dans son communiqué, Envol Vert met en avant la part importante du chiffre d’affaires de Casino qui est réalisée en Amérique du Sud. Or, le Brésil représente pour le Groupe Carrefour sont plus gros marché hors de France, avec 20% du chiffre d’affaires réalisé dans ce pays. Preuve que le groupe Carrefour rivalise, au même niveau, avec le groupe Casino.
Afin de clore la polémique, Envol Vert précise que ces modes d’actions concerneront l’ensemble des acteurs de la grande distribution, dont Carrefour. Des paroles qui devront être suivi d’actes, si l’association veut évacuer toutes suppositions concernant de possibles liens avec le groupe Carrefour.
Preuve que les préoccupations de légitimité et de confiance éprouvées par la société civile à l’égard des ONG sont bien présentes, et que, le niveau de transparence dont elles font preuve détermine la crédibilité du monde associatif.