La polémique Envol Vert pose la question de l’agenda des ONG
À l’instar de Greenpeace, qui a failli être à l’origine d’un drame mardi dernier à Munich à l’ouverture du match entre l’Allemagne et la France dans le but de … faire le buzz
L’ONG environnementaliste française Envol Vert est adepte des opérations médiatiques coup de poing… jusqu’à relayer des informations erronées ? C’est manifestement le cas à propos de la responsabilité du groupe Casino dans la déforestation de l’Amazonie colombienne. Une stratégie de « name and shame » qui pose à la fois des questions éthiques et celle d’un éventuel agenda de certaines ONG.
Envol Vert est une association française ayant pignon sur rue. Les méthodes de l’ONG sont pourtant critiquées après sa campagne de communication contre le groupe Casino, qu’elle a accusé de participer à la déforestation de l’Amazonie. Des accusations graves, portées directement contre le groupe stéphanois alors que n’était visée que la filiale colombienne du distributeur, Grupo Éxito, et qui se sont avérées totalement erronées.
Retour sur les évènements. Tout part d’un rapport à charge de l’ONG américaine Environmental Investigation Agency (EIA), qui affirme que Grupo Éxito commercialise de la viande de bœuf, issue de troupeaux élevés sur des parcelles illégales où la forêt a été détruite. Pour toute preuve : le témoignage d’un fournisseur supposé de Grupo Éxito. EIA publie néanmoins son rapport, que traduit et relaie en France l’ONG Envol Vert en insistant sur la responsabilité du groupe Casino dans la déforestation de l’Amazonie.
Si les méthodes des deux ONG sont en soit questionnables au regard de la faiblesse des éléments à leur disposition, la suite des évènements est autrement plus problématique. L’affaire ayant eu un énorme retentissement en Colombie, l’un des principaux quotidiens du pays, El Tiempo, relaie une enquête approfondie menée par Grupo Éxito. Cette enquête détermine, d’une part, que les lots de viande mentionnés dans les rapports d’EIA et de l’Envol Vert ne proviennent pas de zones protégées, et retrouve d’autre part le soi-disant fournisseur du distributeur… qui reconnaît, par écrit, n’avoir jamais livré de viande au distributeur Éxito.
L’ensemble du rapport des ONG et la campagne médiatique qui s’en est suivie reposaient donc sur des bases bien fragiles. Or, ces organisations n’ont à faire face à aucune conséquence pour les accusations portées contre le distributeur français et sa filiale colombienne. Elles n’ont à l’heure actuelle même pas retiré de leurs sites Internet les rapports visés, ou présenté les moindres excuses. Derrière la chasse au sensationnalisme qui est devenue une des tares de certaines associations de défense de l’environnement (au point d’en détourner beaucoup de personnes raisonnables), d’autres questions se posent comme celle de leur véritable agenda.
Est-on vraiment certain que les buzz générés par ces associations soient purement spontanés et que le seul objectif poursuivi soit celui de la défense de l’environnement ? On est en droit de se le demander en voyant le nombre de dossiers qui sortent sur des entreprises françaises et européennes après des « enquêtes » d’ONG américaines. Comme on est en droit de se poser des questions sur les liens supposés entre Envol Vert et le groupe Carrefour, un concurrent historique de Casino, notamment en Amérique du Sud. Pourtant premier distributeur français au Brésil, Carrefour ne fait, lui, l’objet d’aucune accusation de ce genre.
A qui profite le crime quand on cherche à déstabiliser l’un des leaders de la distribution en Colombie ? A des géants américains désireux de s’implanter en Amérique du Sud ? A un concurrent hexagonal ? A d’autres encore ? Il est certain qu’eux ne contribueraient pas à la déforestation de l’Amazonie… les ONG en tout cas n’en parleraient pas.