La Belgique écarte Alstom du méga-contrat ferroviaire du siècle

Le constructeur ferroviaire Alstom, fleuron de l’industrie française, a échoué à remporter l’appel d’offres majeur pour le renouvellement du matériel roulant en Belgique, un marché stratégique convoité par plusieurs grands acteurs européens du secteur.

La Belgique tourne le dos à Alstom pour moderniser ses trains

Tandis que beaucoup s’attendaient à un rebond du titre Alstom en bourse, le constructeur français se voit finalement écarté d’un méga contrat belge au profit de l’espagnol CAF. Le conseil d’administration de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) a en effet opté, mercredi, pour l’offre ibérique afin de renouveler une flotte vieillissante d’ici à 2034. La décision met aussi hors-jeu l’allemand Siemens, également candidat.

Un projet industriel massif et étalé dans le temps

Ce choix concerne une première commande ferme de 180 rames – soit près de 54 000 places assises – pour un montant estimé à 1,7 milliard d’euros. Toutefois, selon les déclarations du ministre belge de la Mobilité, Jean-Luc Crucke, l’enveloppe globale pourrait s’avérer bien supérieure : jusqu’à 600 rames pourraient être commandées dans le cadre d’une vaste opération de modernisation du parc roulant. Les premiers modèles dits « AM30 » doivent être livrés dès 2029.

Derrière cette annonce se profile clairement l’ambition belge : « Ce marché est une opportunité unique de franchir un cap », a glissé le ministre. L’objectif affiché par le gouvernement est limpide : augmenter la part modale du rail de 30 % d’ici à 2032.

Sélection sur critères européens et polémiques autour de l’emploi local

Il n’aura pas échappé aux observateurs que la sélection du soumissionnaire espagnol n’est pas une surprise. Dès le début 2025, la SNCB avait fait part de sa préférence pour CAF, mais une contestation d’Alstom Belgium, suivie par un arrêt du Conseil d’État belge, avait temporairement gelé la procédure. Cette fois, l’appel d’offres est relancé dans le respect des exigences européennes. Le ministre Crucke souligne : « L’essence même d’un marché européen est de sélectionner sur la base de la performance globale, sans préférence nationale. »

Au Parlement belge, certains députés ont vivement réagi face au risque que le site d’Alstom à Bruges perde son activité. Pourtant, selon la SNCB, chaque soumissionnaire a proposé des partenariats avec des prestataires locaux.

Efficacité énergétique et innovations technologiques en ligne de mire

Pour justifier ce choix stratégique, les décideurs belges avancent plusieurs arguments :

• Bilan énergétique supérieur de l’offre espagnole comparée à celle d’Alstom.
• Nouvelles rames hybrides à batteries, destinées à remplacer progressivement les anciennes automotrices diesel.

Cette décision illustre bien le virage assumé vers un ferroviaire plus durable et performant au cœur même du paysage européen.