La démission de Lecornu fait s’envoler le taux d’emprunt de la France

La démission de Sébastien Lecornu a provoqué une forte réaction sur les marchés financiers, entraînant une hausse notable du taux d’emprunt de la France. Cette évolution traduit les inquiétudes des investisseurs face à l’incertitude politique actuelle.

Incertitude politique et secousses sur les marchés

À la surprise générale, la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu a plongé la scène politique française dans une zone de fortes turbulences. Les répercussions ne se sont pas fait attendre : dès l’annonce, le coût de l’emprunt français à dix ans s’est brusquement hissé au-dessus de celui de l’Italie, dépassant même la barre des 3,61 % – un niveau inégalé depuis le début du mois de mars. Vers 10 h 55, ce taux est légèrement retombé à 3,59 %, mais reste bien au-dessus de sa clôture précédente à 3,51 %.

L’écart franco-allemand sous surveillance

Dans cette atmosphère tendue, le fameux spread, c’est-à-dire l’écart entre les taux d’intérêt français et allemands à dix ans, a grimpé jusqu’à 89 points de base. Selon les analystes français de Saxo, ce seuil « correspond aux moments de tension maximale ». Si cet écart devait se maintenir, il signerait tout simplement sa plus forte ampleur depuis le mois de janvier.

La France emprunte plus cher que l’Italie

Un fait marquant retient également l’attention : pour la première fois depuis plusieurs mois, la France paie un taux supérieur à celui de l’Italie pour emprunter sur dix ans. Cette inversion illustre une tendance : tandis que les investisseurs semblent sanctionner les incertitudes politiques françaises, ils réservent paradoxalement un meilleur accueil à l’Italie, saluée ces derniers temps pour sa discipline budgétaire. Depuis septembre, les deux pays affichaient des taux très proches ; ce nouvel écart révèle une défiance accrue envers Paris.

L’euro sous pression et perspectives troublées

Les analystes pointent que plus la dette d’un pays paraît risquée aux yeux des marchés, plus son coût grimpe. La monnaie unique n’a pas été épargnée : peu après l’ouverture des marchés européens, l’euro chutait de 0,68 % face au dollar (1,1662 dollar pour un euro). Dans une note récente, Saxo met en garde : « Les investisseurs redoutent un effet domino sur la politique économique et budgétaire. La question du timing d’une nouvelle dissolution plane alors que le déficit demeure préoccupant. » Même son de cloche chez XTB France, où Antoine Andreani observe que cette instabilité nourrit davantage les doutes quant à la trajectoire financière du pays.

Ainsi s’esquisse un paysage économique où chaque rebondissement politique pèse lourdement sur la confiance des investisseurs internationaux.