Le retour possible d’un pesticide banni inquiète apiculteurs et chercheurs face à la loi Duplomb

Image d'illustration. Abeille récoltant du pollen en macroADN
Le retour possible d’un pesticide controversé, pourtant interdit en raison de ses effets nocifs sur les abeilles, alarme la communauté scientifique et les apiculteurs. La proposition de loi Duplomb suscite ainsi de vives inquiétudes sur la protection des pollinisateurs.
Tl;dr
- Retour controversé des néonicotinoïdes proposé au Parlement.
- Scission entre agriculteurs, scientifiques et écologistes.
- Plus de 3 500 amendements, mobilisation en hausse.
Une proposition qui bouleverse l’équilibre agricole
Depuis quelques jours, le monde agricole retient son souffle. Portée par le sénateur Laurent Duplomb, la proposition de loi sur « la compétitivité agricole » s’apprête à être débattue à l’Assemblée nationale ce lundi 26 mai. L’annonce de ce texte a immédiatement enflammé les débats : manifestations paysannes, inquiétude chez les apiculteurs, et une avalanche d’amendements – plus de 3 500, essentiellement venus du camp écologiste. La tension est palpable jusque dans les couloirs du Palais Bourbon.
Néonicotinoïdes : la pomme de discorde
Au cœur de la controverse se trouve la possible réintroduction de l’acétamipride, un pesticide interdit car réputé nocif pour les pollinisateurs. Défendu par ses promoteurs comme une réponse à la concurrence européenne – le produit étant déjà autorisé ailleurs –, ce retour inquiète profondément les apiculteurs. Leur crainte ? Voir s’effondrer davantage encore des populations d’abeilles déjà fragilisées.
L’expertise scientifique mise à mal ?
Mais ce n’est pas tout : le texte propose également de créer un « comité d’orientation pour la protection des cultures », susceptible de contourner le rôle central de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Cette disposition provoque un tollé dans la communauté scientifique. Plus d’un millier de chercheurs et soignants dénoncent dans une lettre ouverte – citons-les – : « un recul pour la santé publique et un affaiblissement inédit du rôle des agences sanitaires ». Ils craignent que cette évolution n’érode durablement l’indépendance scientifique lors des processus d’autorisation.
Parmi les autres mesures clés du projet figurent :
- Réforme des seuils d’élevage, via ordonnances, pour faciliter l’agrandissement des exploitations.
- Soutien au stockage de l’eau, bien que cette mesure ait été retoquée puis pourrait revenir par voie gouvernementale.
Agriculteurs mobilisés, majorité incertaine
Sur le terrain, le climat reste tendu. Plusieurs actions agricoles émergent à travers la France ; certains syndicats appellent même à converger vers Paris lors du débat parlementaire. Le gouvernement, quant à lui, promet d’assurer « l’équilibre entre enjeux environnementaux et besoins agricoles », mais sans majorité claire ni consensus dans ses propres rangs – comme en témoigne le scepticisme affiché par Marc Fesneau, chef des députés MoDem.
Ce texte, symbolique d’un bras de fer entre productivisme agricole et préservation environnementale, risque donc d’attiser encore longtemps passions… et crispations politiques.
