Turquie : 27 morts et 75 blessés dans un nouvel attentat dans le centre d’Ankara
Au moins 27 personnes ont été tuées et 75 autres blessées par un attentat à la voiture piégée dimanche soir en plein centre d’Ankara, un peu plus de trois semaines après une précédente attaque-suicide qui avait déjà fait 29 morts dans la capitale turque.
« La déflagration a été causée par un véhicule rempli d’explosifs à proximité de la place de Kizilay », a annoncé le bureau du gouverneur d’Ankara dans un communiqué. L’explosion s’est produite à 18h45 heure locale (16h45 GMT) sur cette place très fréquentée située en plein coeur d’Ankara, qui abrite de nombreux commerces et par laquelle passent de nombreuses lignes de bus et où se trouve une station de métro.
De nombreuses ambulances ont été dépêchées sur les lieux de l’attaque, selon les premières images des chaînes d’information turques, qui ont également montré plusieurs carcasses de bus entièrement calcinés. Signe de la violence de l’explosion, au moins 23 personnes sont mortes sur le coup, les autres ayant péri pendant leur transfert à l’hôpital, selon la chaîne de télévision CNN-Türk.
Les blessés sont traités dans dix hôpitaux de la capitale, « une dizaine d’entre eux » sont dans un état grave, a dit à l’AFP une source médicale.
Cet attentat n’a pas été pour le moment revendiqué.
La police turque a déployé d’importants effectifs pour bloquer les accès à la place, survolée par des hélicoptères, a constaté un photographe de l’AFP.
Le 17 février, un attentat suicide à la voiture piégée revendiqué par un groupe dissident du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes) avait visé, non loin du lieu de l’explosion de dimanche soir, des cars transportant du personnel militaire et fait 29 morts.
Ce groupe, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), avait assumé la responsabilité de l’attaque trois jours plus tard et annoncé dans la foulée de nouvelles attaques à venir, notamment contre les sites touristiques turcs.
Vague d’attentats
Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan avait quant à lui affirmé que cet attentat avait été perpétré par les combattants kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG), avec le soutien du PKK.
Le chef du Parti de l’union démocratique (PYD), dont les YPG sont le bras armé, Saleh Muslim, et un des responsables du PKK, Cemil Bayik, avaient rejeté ces accusations. La Turquie vit depuis l’été dernier en état d’alerte maximale après une série d’attentats meurtriers, dont quatre ont été attribués par les autorités au groupe Etat islamique (EI).
Le plus meurtrier d’entre eux, le 10 octobre dernier, avait été perpétré par deux kamikazes qui s’étaient fait exploser au milieu de manifestants de la cause kurde devant la gare centrale d’Ankara, faisant 103 morts. Le 12 janvier dernier, douze touristes allemands ont péri dans un autre attentat suicide dans le quartier touristique de Sultanahmet à Istanbul.
Longtemps accusé de complaisance envers les groupes rebelles les plus radicaux en guerre contre le régime de Damas, Ankara a rejoint l’été dernier la coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis et multiplié les arrestations pour lutter contre les cellules de l’EI sur son sol.
La Turquie est en outre secouée depuis juillet dernier par la reprise du conflit kurde. D’intenses combats opposent ses forces de sécurité au PKK dans de nombreuses villes du sud-est du pays, peuplé en majorité de Kurdes.Dimanche soir, les autorités turques ont annoncé la mise en place d’un couvre-feu dans deux nouvelles villes de cette partie de la Turquie, à Nusaybin et Yüksekova.
Ces combats ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement turc avec le PKK à l’automne 2012 pour tenter de mettre un terme à une rébellion qui s’est soldée par la mort de plus de 40.000 personnes depuis 1984.