AP-HP : Un rapport sur les risques de conflits d’intérêts alerte les hôpitaux de Paris
Des médecins ont des partenariats avec l’industrie pharmaceutique, ce rapprochement pourrait fausser les comportements. Les Hôpitaux de Paris veulent donc une transparence au sein des équipes.
Une partie des médecins des Hôpitaux de Paris présentent présentent des risques de conflits d’intérêts. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) dresse ce constat dans une enquête interne dévoilé lundi 28 mars, rapporte Le Monde. En cause, le financement par les laboratoires de la formation continue des médecins ou encore la prise en charge des trajets des praticiens se rendant à des congrès médicaux.
Les essais cliniques sont eux aussi pointés du doigt dans ce rapport. Certains médecins doublent en effet leur salaire en participant au développement de nouveaux médicaments, une activité rémunérée par des honoraires non controlés.
Martin Hirsch milite pour de la transparence avec les laboratoires
Finalement, un médecin serait susceptible de proposer un médicament ou une expertise, non pas parce que cela serait bénéfique pour votre santé, mais parce qu’il ou elle serait issu d’une collaboration avec l’industrie pharmaceutique. Alors que les expertises médicales ont déjà été épinglées par des conflits d’intérêts, les Hôpitaux de Paris reviennent sur le devant de la scène avec le même motif. La Cour des comptes a partagé un rapport qui pointe du doigt ce phénomène qui semble être assez récurrent. En parallèle, une manifestation est en train de se dessiner, car l’AP-HP veut remanier le temps de travail. La réforme ne fait pas l’unanimité, elle est critiquée par les syndicats. Ils estiment qu’elle est désastreuse à la fois pour les patients et le personnel hospitalier.
Un conflit d’intérêts toucherait 10 000 médecins des Hôpitaux de Paris
Dans tous les cas, cela n’empêche pas aux Hôpitaux de Paris de demander de la transparence. Selon une enquête interne, près de 10 000 médecins seraient impliqués dans un conflit d’intérêts. Pour remédier à ce problème, il a été décidé de rendre la déclaration obligatoire. Les professionnels de la Santé qui bénéficieront ainsi d’une rémunération via une collaboration avec l’industrie pharmaceutique seront contraints de demander une autorisation. Cette volonté est celle du directeur, Martin Hirsch. Il s’est exprimé à ce sujet dans les colonnes du Monde quelques semaines après une polémique concernant un pneumologue. En effet, cette identité n’est pas inconnue puisque cet homme a été cité à maintes reprises après la publication des propos de Michel Aubier. A l’époque, un scandale avait éclaté et quelques réponses étaient parvenues dans la presse.
Six mois d’enquête en interne pour aboutir à ces conclusions
Ce pneumologue était accusé d’avoir eu des liens avec l’industrie pétrolière. Toutefois, il aurait dissimulé cette information aux sénateurs. Les Hôpitaux de Paris ont souhaité modifier le texte en clarifiant au maximum la situation pour qu’il n’y ait pas de zones sombres. Les partenariats entre les laboratoires et les médecins sont possibles, mais Martin Hirsch souhaite que ces collaborations soient rythmées par la transparence. Aucun doute sur une indépendance ne doit être au rendez-vous. Les mesures établies ont fait l’objet d’une enquête réalisée pendant six mois en interne. Les conclusions ont été partagées par mail notamment au directeur général. Il est important de noter que la loi Bertrand mise en place il y a cinq ans prônait déjà cette transparence.
“Les rémunérations annexes, parfois opaques et élevées, sont des stimulants suffisamment importants pour que des professionnels se placent, de plein gré ou malgré eux, dans des situations à risques”, conclut cette enquête.