Des projets d’usines de recyclage de batteries émergent du Pas-de-Calais au Val-d’Oise en passant par Lyon

Des initiatives de création d’usines dédiées au recyclage des batteries se multiplient à travers la France, notamment dans le Pas-de-Calais, à Lyon ou encore dans le Val-d’Oise, témoignant d’une dynamique nationale autour du traitement des déchets issus de l’électromobilité.

Une nouvelle dynamique pour le recyclage des batteries en France

Sur le site de l’ancienne usine Bridgestone, à Béthune, l’avenir s’esquisse sous un angle inattendu. Là où le passé industriel avait laissé place au silence après la fermeture en 2021, la startup lyonnaise Mecaware envisage désormais de recycler des batteries automobiles d’ici à 2029. Ce projet s’inscrit dans une tendance de fond : un essor marqué des initiatives visant à garder en Europe les métaux stratégiques, comme le lithium ou le nickel, essentiels à la mobilité électrique.

Vendredi dernier, c’est la jeune pousse Battri qui a inauguré son site à Saint-Laurent-Blangy (Pas-de-Calais). Son objectif est clair : produire localement de la black mass, cette poudre noire issue du recyclage de batteries et riche en minéraux et métaux divers. L’usine fonctionne comme une véritable « mine urbaine » du XXIe siècle, récupérant non seulement du nickel, du cobalt, du lithium ou du manganèse, mais aussi des matériaux tels que le cuivre ou l’aluminium.

L’Europe face au défi de la souveraineté

Pourquoi une telle effervescence ? Depuis le 23 mai, le nouveau règlement européen sur les métaux critiques (CRMA) impose des objectifs ambitieux : dès 2030, un quart des métaux critiques utilisés devra provenir du recyclage européen ; 40 % devront être raffinés sur le continent ; enfin, 10 % extraits localement. Dans un contexte où la Chine domine ce marché stratégique, l’Union européenne tente donc de rééquilibrer la balance pour assurer sa souveraineté industrielle.

Le groupe français Derichebourg, associé au coréen LG, prévoit également une usine de black mass à Bruyères-sur-Oise. Autre élément marquant : la startup Battri, qui a levé 20 millions d’euros, remplace ainsi deux projets majeurs suspendus fin 2024 (Suez-Eramet d’un côté, Stellantis-Orano de l’autre).

Besoins industriels et défis persistants

Cependant, malgré ces avancées notables, plusieurs obstacles subsistent. Les experts pointent l’absence d’acteurs capables de transformer cette black mass en matériaux actifs pour fabriquer de nouvelles batteries – notamment les précurseurs de cathode issus du sulfate de nickel, cobalt ou manganèse. À ce jour, faute d’usines européennes adaptées, Battri exportera sa production vers les États-Unis ou la Corée.

Pour fluidifier ce nouvel écosystème industriel émergent :

• Dès le 18 août, une filière REP (Responsabilité élargie du producteur) sera instaurée pour les batteries automobiles.
• Cela instaurera enfin le principe pollueur-payeur dans ce secteur.

La valeur des métaux contenus dans une voiture électrique ne cesse d’augmenter – environ +35 % entre 2022 et 2023 – dopée par la flambée des prix de certaines terres rares comme le dysprosium ou le terbium. Mais pour atteindre une véritable circularité et garantir à terme l’autonomie européenne sur toute la chaîne de valeur batterie, il reste « une filière à construire », souligne Stéphane Séjourné, commissaire chargé de l’industrie.