Face au pétrole et aux entreprises, les doutes demeurent à Wall Street
Wall Street aborde une semaine que continueront à dominer les résultats d’entreprises et l’amorce d’un rebond sur le marché du pétrole sur fond d’incertitude sur la politique des Banques centrales.
Lors des cinq dernières séances, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a pris 2,32% à 16.466,30 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 0,50% à 4.613,95 points.
Jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, l’indice élargi S&P 500 a gagné 1,75% à 1.940,24 points.
Même si ces variations montrent que Wall Street a enregistré sa deuxième semaine de rebond de suite après un très mauvais début d’année, elles ne témoignent pas des évolutions incertaines d’un marché qui,depuis le milieu du mois, change de direction à presque chaque séance.
« L’instabilité est extrême et le marché va à toute vitesse », a reconnu Tom Cahill, de Ventura Wealth Management.
Premier élément d’incertitude, les grandes banques centrales ont poussé cette semaine les Bourses dans des directions opposées.
La Banque du Japon (BoJ) a agréablement surpris vendredi les places mondiales en annonçant de nouvelles mesures de relance monétaire, mais on ne peut en dire autant de la Réserve fédérale (Fed) américaine.
A l’issue d’une réunion de politique monétaire, mercredi, la banque centrale américaine n’a guère laissé d’espoir sur un ralentissement cette année du retrait de son soutien à l’économie, entamé en décembre avec sa première hausse de taux depuis 2006.
Néanmoins, « à voir les chiffres économiques, cela éloigne – quoi que dise la Fed – la perspective d’une hausse des taux en mars », a jugé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, évoquant un ralentissement de la croissance américaine au dernier trimestre.
Autre élément d’instabilité, qui risque lui de perdurer, les évolutions incertaines du marché pétrolier continuent d’influencer les performances de Wall Street, comme des autres grandes Bourses.
« Cette semaine, le marché pétrolier a montré une bonne disposition qui a soutenu la Bourse », a noté M. Cahill. « Il avait tellement chuté que, quand la Russie a évoqué des négociations avec l’Arabie saoudite pour réduire leur production, beaucoup d’investisseurs spéculatifs ont eu peur d’avoir trop parié à la baisse », et sont repassés à l’achat.
Néanmoins, les observateurs du marché pétrolier restent prudents face à la surabondance générale et se gardent en général d’annoncer un rebond durable, d’autant que Moscou a vite minimisé ses propos.
– L’emploi attendu –
Enfin, troisième grande incertitude, les investisseurs peinent à tirer de conclusions des résultats d’entreprises américaine du dernier trimestre 2015, dont la moitié environ ont été annoncé pour un bilan pour l’heure « très mitigé » d’après les termes de M. Cahill.
Les entreprises mettent en avant des bénéfices le plus souvent supérieurs aux attentes, mais leurs chiffres d’affaires ont le plus souvent déçu, ce qui n’est pas de très bon augure quant à leur activité.
« La tendance actuelle, c’est que de plus en plus d’entreprises font part de réductions de coûts (…) tandis que les objectifs de ventes continuent à être ratés », a expliqué Howard Silverblatt, analyste chez S&P Dow Jones Indices. « La nouvelle expression en vogue à Wall Street, cela semble être +à la peine+. »
« La plus grosse chose à retenir, c’est la force du dollar qui continue à peser sur les résultats », a renchéri M. Volokhine, s’inquiétant de voir que la semaine s’était conclu sur un nouveau bond du billet vert.
Plus spécifiquement, les derniers jours ont été dominée par les chiffres du secteur technologique, mais là aussi, il était difficile d’en tirer des conclusions, face à des résultats très discordants.
« Les gros mouvements de la semaine, ça a été Facebook qui a bondi sur des résultats phénoménaux et Amazon qui a déçu », a cité M. Volokhine.
« Donc, on attend Alphabet au tournant », la maison mère de Google annonçant ses chiffres lundi soir, a-t-il prévenu, « et, comme l’un des piliers de la politique de la Fed c’est l’emploi, les chiffres de vendredi ».
Toujours très surveillés, les chiffres mensuels sur l’état du marché américain de l’emploi seront publiés par le département du Travail avant l’ouverture de la dernière séance de la semaine, et les analystes s’attendent à un ralentissement face à l’affaiblissement de l’économie fin 2015.