Les Français ont pris moins de médicaments contre l’anxiété en 2015
Les Français ont consommé moins de médicaments contre l’anxiété en 2015, malgré deux attentats et le maintien d’un chômage élevé, rapporte dimanche l’hebdomadaire Le Point sur son site internet, citant des chiffres de la Sécurité sociale.
Une réduction importante pour les benzodiazépines hypnotiques
« A priori c’est une surprise », note lepoint.fr qui s’est procuré les statistiques de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) concernant les trois catégories de médicaments les plus utilisés dans les troubles anxieux.
Il s’agit des benzodiazépines anxiolytiques (Temesta, Lexomyl, Seresta, etc.), dont le nombre de boîtes remboursées par la Sécurité sociale a diminué de plus de 700.000 boîtes l’an dernier, soit une baisse de 1,4% (48,9 millions de boîtes remboursées en 2015 contre 49,6 en 2014).
La réduction est encore plus importante pour les benzodiazépines hypnotiques (essentiellement des somnifères), avec près de 220.000 boîtes vendues en moins l’an dernier (6,5 millions en 2015 contre 6,7 millions en 2014), soit une baisse de 3,26%.
Seuls les antidépresseurs ont été légèrement plus consommés en 2015, avec un nombre de boîtes remboursées en hausse de 0,67% (33,6 millions en 2015 contre 33,4 en 2014).
« La diminution de la consommation des benzodiazépines anxiolytiques se confirme », a commenté pour sa part le Pr Antoine Pelissolo, président de l’Association française des troubles anxieux et de la dépression, tout en relevant qu’il restait « encore beaucoup » d’utilisateurs, de l’ordre de 10 millions de personnes.
Les autorités sanitaires ont mis en garde à plusieurs reprises ces dernières années contre l’utilisation massive des bénzodiazépines en France, notamment pour traiter les insomnies (Noctamide, Havlane…), rappelant que la prescription devait être « la plus courte possible ».
En 2014, la Haute autorité de santé (HAS) avait pour sa part jugé que ceux-ci avaient un « intérêt thérapeutique limité » dans l’insomnie et préconisé que leur taux de remboursement soit réduit de 65% à 15%, une recommandation suivie par l’assurance maladie.
Quant au lien entre attentats et consommation d’anxiolytiques, il n’est pas évident ,selon le Pr Pelissolo.
« Ce n’est pas parce qu’une population encaisse des traumatismes répétés que ses membres deviennent automatiquement et maladivement anxieux », note-t-il, ajoutant qu’il existe de nombreux « phénomènes de compensation ».
Une nette augmentation des passages aux urgences pour stress avait été observée, en particulier pour les 25-35 ans, juste après les attentats de novembre à Paris, selon des chiffres fournis à l’époque par l’Institut de veille sanitaire (InVS).