L’Allemagne débranche ses trois derniers réacteurs nucléaires
Dans un contexte de crise énergétique, l'Allemagne tient le cap et va mettre à l'arrêt ses trois derniers réacteurs ce samedi.
C’est certain : demain samedi 15 avril 2023, l’Allemagne dira adieu à son industrie nucléaire civile. Et ce, en mettant définitivement à l’arrêt ses trois derniers réacteurs, situés dans le Bade-Wurtemberg près de Stuttgart, en Bavière et à Emsland à proximité des Pays-Bas.
Cette sortie a été décidée dès 2002, puis précipitée par Angela Merkel suite à la catastrophe de Fukushima.
Un arrêt total, malgré l’Ukraine
La décision avait acquis l’adhésion du pays, dans lequel le mouvement anti-nucléaire était puissant depuis longtemps.
Mais même la perspective de scénarios très sombres après l’invasion de l’Ukraine n’aura pas infléchi la décision de tourner la page définitivement.
La crise énergétique a failli tout suspendre
Quasiment privée intégralement du gaz russe, l’Allemagne avait pourtant joué les prolongations. Le gouvernement d’Olaf Scholz, auquel participe le parti des Verts avait finalement décidé de prolonger l’exploitation des réacteurs en vue de sécuriser l’approvisionnement.
Dans le détail, ce sont 16 réacteurs qui ont vu leur fonctionnement arrêté depuis 20 ans. Les trois dernières centrales ont produit 6% de l’énergie produite en Allemagne et en 2022, alors que le nucléaire représentait 30,8% en 1997. Dans ce laps de temps, la part des renouvelables dans le mix de production a atteint 46% en 2022, contre moins de 25% en 2013.
Des énergies renouvelables à accélérer
Mais l’Allemagne peine à atteindre ses objectifs climatiques. Georg Zachmann, spécialiste des questions d’énergies pour le cercle de réflexion bruxellois Bruegel, indique à l’AFP que ces objectifs « sont déjà ambitieux sans la sortie du nucléaire – or chaque fois qu’on se prive d’une option technologique, on rend les choses plus difficiles ».
Et d’autres centrales seront mises aussi à l’arrêt, en 2038 pour l’ensemble et dès 2030 pour une majorité d’entre elles, et cette fois elles sont à charbon. Cette source d’énergie représente encore un tiers de la production électrique allemande, un taux gonflé de 8% en 2022 pour compenser l’absence de gaz russe. Olaf Scholz insiste : l’Allemagne doit installer « 4 à 5 éoliennes chaque jour » durant les prochaines années pour couvrir ses besoins.