Si l’espace Schengen était rompu, la perte pour l’Europe serait de 100 milliards d’euros

Faut-il sortir ou mettre un terme à l’espace Schengen ? Cette question est au centre d’un important débat en Europe, mais les conséquences économiques pourraient s’avérer désastreuses. En effet, les experts évoquent une perte de 100 milliards d’euros.

La crise migratoire et les risques terroristes ont mis à mal la libre circulation instaurée par les accords de Schengen. Alors que l’avenir de l’Europe sans frontière s’assombrit, une étude publiée mercredi 3 février par France stratégie, l’ancien commissariat au plan, assure que l’abandon de l’espace Schengen coûterait au moins 10 milliards d’euros par an à l’économie française.

Le calcul de France stratégie ne s’intéresse pas à la remise en service des postes frontières ou au recrutement des gabelous. Il se concentre sur les conséquences qu’aurait le retour des contrôles sur les flux de voyageurs et de marchandises. À court terme, c’est le secteur du tourisme qui serait le plus fortement impacté, payant à lui seul la moitié de la facture totale.

L’Union européenne perdrait 100 milliards d’euros d’ici 2025

Avec les flux migratoires, les exportations ou encore le terrorisme, la question de l’espace Schengen revient sans cesse dans les discussions. Les politiques se lancent donc la balle et certains partis comme le Front National demandent une sortie de la France. Toutefois, nombreux sont les internautes qui s’interrogent sur les éventuelles conséquences d’une telle sortie. Une étude a tenté de répondre à cette question en chiffrant la perte engendrée. Selon France Stratégie qui partage ses conclusions ce mercredi, l’économie européenne serait tout de même largement impactée avec notamment un manque à gagner de 100 milliards d’euros.

La fin de l’espace Schengen engendrerait des coûts astronomiques

Du côté de la France, la perte est chiffrée à 13 milliards d’euros et cela n’est pas anodin pour les experts. En effet, une telle somme représente tout de même 0.5 point de PIB. Si on prend en compte tous les pays de l’Union européenne, les conséquences sont plus importantes, car le montant est pratiquement multiplié par 10. L’enquête mentionne une perte de 100 milliards d’euros, ce qui représenterait cette fois 0.8 point du PIB. De ce fait, la question de la fin de l’espace Schengen doit être abordée avec la plus grande rigueur.

Une perte de temps importante pour les travailleurs frontaliers

L’étude montre que l’impact financier n’est pas le seul dommage, car un retour des frontières baisserait de 5% les flux touristiques, 350 000 travailleurs français qui sont à la frontière perdraient un temps considérable. Un exemple est même énoncé pour le pont Oresung entre le Danemark et la Suède. Les personnes qui travaillent à la frontière doivent se soumettre à une vérification de l’identité obligatoire. Cela demande ainsi 45 minutes supplémentaires qu’il faut de ce fait ajouter au temps du trajet. Enfin, si les experts se focalisent uniquement sur la France, il faut savoir que les exportations pourraient subir un recul net de 11.4%.

Le coût pour l’économie française serait de un à deux milliards d’euros par an à court terme, et plus de 10 milliards d’euros par an à plus long terme. Pour certains, comme le numéro deux des Républicains Laurent Wauquiez interrogé hier sur Europe 1, c’est le coût de « notre ­sécurité », « les victimes du Bataclan » valent bien cela. Pour d’autres, comme le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, c’est le risque de « détruire l’Europe ».