L’inflation a été nulle en France en moyenne annuelle en 2015
L’inflation a été nulle en moyenne en France sur l’ensemble de l’année 2015, ralentissant nettement après avoir atteint 0,5% en 2014, en raison essentiellement de la chute des prix du pétrole. Les prix à la consommation sont restés stables en moyenne sur l’ensemble de 2015, après une hausse de 0,5% en 2014 et de 0,9% en 2013, a annoncé mercredi l’Institut national de la statistique et des études économiques.
« Ce nouveau ralentissement des prix à la consommation s’explique surtout par le fort recul des prix de l’énergie, en particulier des prix des produits pétroliers », précise toutefois l’Insee. Les prix à la consommation de l’énergie ont accusé un recul de 4,7%, nettement plus important qu’en 2014 (−0,9%). Ceux du pétrole ont baissé de 10,8% après −4,2% en 2014, « dans le sillage de la chute des cours du brut », détaille l’Institut.
Hors prix de l’énergie, les prix à la consommation ont augmenté en moyenne de 0,5% en 2015.
Car si les prix des produits manufacturés et des services de logement ont continué de baisser, ceux des services de transport et de communication, et ceux des services de santé, ont augmenté. Les prix des produits alimentaires ont pour leur part observé un « léger rebond » en 2015, tirés essentiellement par les produits frais, selon l’Insee.
Pour les économistes, cette inflation à zéro n’est pas une surprise.
« L’inflation en France a été très négative en début d’année, en lien avec la chute du pétrole, donc quand on fait la moyenne sur l’année on s’attendait à quelque chose de proche de zéro », a déclaré à l’AFP Louis Harreau, de Crédit Agricole.
Le gouvernement tablait lui-même sur une inflation moyenne de 0,1%.
En revanche, pour le seul mois de décembre, l’inflation s’est établie à 0,2% par rapport au même mois de l’année précédente, ce qui est « plutôt une bonne surprise » pour M. Harreau qui tablait sur une hausse de 0,1%.
Et l’indicateur d’inflation dite sous-jacente, c’est-à-dire corrigé des variations saisonnières et débarrassé des phénomènes conjoncturels tels que la volatilité des prix de l’énergie, augmente pour sa part de 0,8% sur un an, après 0,7% en octobre et novembre, « son plus haut niveau depuis février 2014 », selon l’Insee. Cet indice reflète davantage la réalité de l’économie.
« Tendance à l’amélioration »
En ce sens, « la tendance est clairement à l’amélioration », souligne M. Harreau. « Il faut laisser le temps à l’économie de panser ses plaies, de réduire le taux de chômage et d’avoir une croissance un peu plus vigoureuse, ce qui devrait permettre d’améliorer le taux d’inflation« , estime-t-il.
Car une inflation anémique, si elle constitue a priori une bénédiction pour le pouvoir d’achat des Français, peut en effet être la preuve d’une mauvaise santé de l’économie, ou provoquer sur le long terme des effets pervers. « Si l’inflation faible est due à la structure de l’économie, c’est très ennuyeux. Si c’est dû à un contre-choc pétrolier ou à des prix alimentaires ou des matières premières qui chutent, c’est un peu moins gênant », rappelle Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Or, dans le cas présent, « la baisse des prix est due non pas au fait que les salaires baissent, qu’on est dans une spirale déflationniste, mais plutôt à des facteurs exogènes à l’économie, le prix du pétrole et des matières premières », ajoute-t-il.
« Dans ce cas de figure, c’est assez favorable pour une économie comme l’économie française », a-t-il jugé. Même avis pour Michel Martinez, de Société Générale. « Le consommateur est content parce que ça lui fait plus de pouvoir d’achat », souligne-t-il.
En outre, la baisse du prix du pétrole, faisant baisser le coût de production des entreprises françaises, leur fait gagner des marges, observe M. Heyer. Selon M. Martinez, cette inflation n’altère pas les prévisions de croissance du gouvernement, qui table sur une hausse de 1,5% du produit intérieur brut en 2016.