La résistance aux antibiotiques est une réaction peu connue des malades. Pour preuve, selon une étude de l’OMS, 44% des personnes interrogées pensent que ce problème ne se pose que pour ceux qui abusent des antibiotiques et les deux tiers estiment pouvoir l’éviter en prenant correctement le traitement qui leur a été prescrit.
Cette résistance, a ajouté le Dr Chan, “atteint des niveaux dangereusement élevés dans toutes les parties du monde”.
Lors d’une conférence de presse, elle a expliqué que de plus en plus de gouvernements reconnaissent que ce phénomène est désormais “l’une des plus grandes menaces pour la santé”.
“Les super-bactéries hantent les hôpitaux et les unités de soins intensifs du monde entier”, a-t-elle averti, rappelant que si rien n’est fait le monde se dirige vers une “ère post-antibiotique, dans lequel les infections courantes pourront recommencer à tuer”.
L’enquête, publiée lundi à Genève, révèle que toute personne peut être un jour affectée par une infection résistante à ces médicaments. La résistance aux antibiotiques, également appelée l’antibiorésistance, survient lorsqu’une bactérie évolue et devient résistante aux antibiotiques utilisés pour traiter les infections, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Ce fléau mondial est surtout lié à la surconsommation d’antibiotiques et à leur mauvaise utilisation.
Mais près de la moitié (44%) des personnes ayant participé à l’enquête, qui ne se prétend pas exhaustive et qui a été réalisée par l’OMS dans 12 pays, pensent que la résistance aux antibiotiques n’est un problème que pour les personnes qui abusent des antibiotiques.
Deux tiers des personnes interrogées pensent aussi qu’il n’y aucun risque d’infection résistante aux médicaments chez les individus qui prennent correctement le traitement antibiotique qui leur a été prescrit.
“En réalité, n’importe qui peut à tout moment et dans n’importe quel pays être atteint d’une infection résistante aux antibiotiques”, souligne l’OMS, qui lance du 16 au 22 novembre la première “Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques”.
En avril dernier, l’OMS avait déploré que les services de santé dans le monde n’agissent pas suffisamment contre le mauvais usage des antibiotiques, ce qui conforte la résistance aux médicaments et entraîne des décès dus à des maladies pourtant guérissables.
“L’un des plus grands défis sanitaires du XXIe siècle nécessitera un changement mondial de comportement de la part des individus comme des sociétés”, a remarqué pour sa part le Dr Keiji Fukuda, représentant spécial du directeur général pour la résistance aux antimicrobiens.
Pour y parvenir, l’OMS veut tordre le cou aux idées reçues qui circulent sur le sujet.
Trois quarts des personnes interrogées pensent ainsi que la résistance aux antibiotiques survient lorsque l’organisme devient résistant aux antibiotiques. En réalité, ce sont les bactéries – et non les êtres humains ou les animaux – qui deviennent résistantes aux antibiotiques et leur propagation est la cause des infections difficiles à traiter.
Pour mettre fin à ce phénomène, l’OMS recommande de ne prendre des antibiotiques que s’ils ont été prescrits par un médecin, de toujours suivre jusqu’au bout le traitement prescrit même lorsqu’on se sent mieux, de ne jamais utiliser des antibiotiques restants d’une prescription précédente et de ne jamais partager des antibiotiques avec d’autres personnes.
Marisol Touraine sonne la mobilisation complète des pouvoirs publics
L’antibiorésistance est un enjeu majeur de santé publique. L’étude BURDEN BMR, conduite par l’Institut national de veille sanitaire (InVS), permet, pour la première fois, de mesurer son impact sur la santé des populations : chaque année, près de 160 000 patients contractent une infection par un germe dit multi-résistant et près de 13 000 en meurent directement.
Face à l’ampleur de ces chiffres, Marisol TOURAINE sonne aujourd’hui la mobilisation complète des pouvoirs publics pour lutter contre ce phénomène et réduire significativement le nombre de victimes. Avec deux objectifs, précisés par la ministre : « réduire de 25 % la consommation globale d’antibiotiques et faire passer la mortalité liée à l’antibiorésistance au-dessous de la barre des 10 000 décès par an d’ici 2017 ». La ministre a présenté à cette fin une feuille de route construite, sur la base des recommandations du rapport du Dr Jean CARLET, autour de quatre axes :
- Assurer un pilotage national des actions de lutte contre l’antibiorésistance ;
- Encourager la recherche et l’innovation sur la résistance aux antibiotiques, à travers le lancement, dès 2016, d’un plan national interdisciplinaire de recherche sur l’antibiorésistance, piloté par l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) et l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement (AllEnvie) ;
- Permettre à la société civile de s’emparer du sujet, en initiant des actions de pédagogie et des campagnes de communication en lien avec les associations de patients et d’usagers ;
- Défendre la reconnaissance d’un statut à part pour les antibiotiques, pour promouvoir la recherche de ces médicaments et faciliter l’accès de nouveaux médicaments sur le marché.
Parce qu’une action isolée de la France ne suffirait pas, Marisol TOURAINE souhaite par ailleurs inscrire cette mobilisation dans un cadre international.
- Cette résistance, a ajouté le Dr Chan, “atteint des niveaux dangereusement élevés dans toutes les parties du monde”.
- Ce fléau mondial est surtout lié à la surconsommation d’antibiotiques et à leur mauvaise utilisation.
- Pour y parvenir, l’OMS veut tordre le cou aux idées reçues qui circulent sur le sujet.
- Marisol Touraine sonne la mobilisation complète des pouvoirs publics