Rapport Badinter : une simplification “a minima” pour la presse
Ni “grand soir” ultralibéral, ni “coup de barre à gauche” : le rapport Badinter sur le futur Code du travail propose une “simplification a minima”, estime la presse de mardi.
“Ceux qui rêvaient d’un coup de barre à gauche ou, à l’inverse, d’une dérégulation totale, en seront pour leurs frais”, prévient Bertrand Bissuel dans Le Monde.
En formulant 61 “principes essentiels” (35 heures, CDI, salaire minimum…) du futur code, le rapport de l’ancien garde des Sceaux, remis lundi au Premier ministre Manuel Valls, “met les points sur les i plus qu’il n’innove”, explique Catherine Gasté dans Le Parisien. “Exit la petite musique ultralibérale attendue, ou redoutée, par certains.”
De ce point de vue, les commentateurs retiennent surtout l’échec de l’offensive contre la majoration des heures supplémentaires et les 35 heures, lancée quelques jours auparavant par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron et retoquée lundi par Manuel Valls.
Cécile Cornudet souligne dans Les Echos que, “trois jours après les propos d’Emmanuel Macron, Manuel Valls peut se poser en défenseur des 35 heures et rassurer la gauche”. “Envoyé en éclaireur, Emmanuel Macron peut, jusqu’à la provocation, donner des signes au Medef, le patron reste Manuel Valls. De facto”, insiste Philippe Marcacci de l’Est républicain.
‘Rien ne bougera d’ici 2017’
Au grand dam de Gaëtan de Capèle qui ne peut que déplorer dans Le Figaro de voir “Emmanuel Macron rabroué par un Manuel Valls qui pense pourtant exactement la même chose que son ministre”. “Le Premier ministre et son collègue de l’Economie sont globalement d’accord pour tordre le cou aux 35 heures. Seule les sépare la vitesse d’exécution”, décrypte Patrice Chabanet du Journal de la Haute-Marne.
“De facto, le projet Macron de remettre – un peu – la France au travail tombe à l’eau. Et quand on épluche les 61 propositions faites par l’ancien garde des Sceaux pour réformer le Code du travail, on se dit que rien ne bougera d’ici 2017”, regrette lui aussi Thierry Rabiller dans Paris Normandie. Plus généralement, le rapport Badinter déçoit Nicolas Beytout qui juge dans L’Opinion que “là où l’on pouvait légitimement attendre une aide à la décision politique, on ne voit rien qui puisse sortir la majorité de ses contradictions”.
En proposant “une simplification a minima” du Code du travail, “Robert Badinter a sérieusement refréné ses audaces réformatrices”, note Hervé Favre dans La Voix du Nord, qui rappelle que l’ancien ministre avait pourfendu, dans un livre paru avant l’été, la complexité du droit du travail comparé à une “forêt obscure”. “On ne peut pas dire que Robert Badinter et les membres de son comité aient sorti la tronçonneuse pour éclaircir l’horizon des employeurs”, commente l’éditorialiste nordiste.