Revendre ses cadeaux de noël : Ebay, LeBoncoin et PriceMinister profitent du phénomène
Sitôt déballés, sitôt revendus… La bûche de Noël à peine digérée, de nombreux Français se précipitent sur la toile pour se débarrasser de leurs cadeaux. Une pratique de moins en moins tabou, selon les sites de vente entre particuliers.
Une pratique qui ne choque plus
« A vendre: grande poupée neuve, erreur de commande, le père Noël s’est trompé ». « Cadeau qui n’a pas plu ». Jeu vidéo « encore dans l’emballage pour cause de cadeau de Noël non souhaité »… Dès la nuit du réveillon, les premières annonces ont fait leur apparition sur ces plates-formes de commerce en ligne.
« C’est une pratique qui ne choque plus », assure Leyla Guilany-Lyard, porte-parole d’eBay en France. « Le phénomène « est entré dans les moeurs », notamment chez les « jeunes », ajoute-t-elle. Un avis partagé par Antoine Jouteau, directeur général adjoint du site Le Bon Coin. « Il y a deux ou trois ans, les gens ne précisaient pas dans leurs annonces qu’ils revendaient des cadeaux, ça n’était pas assumé. Maintenant, ça l’est », assure-t-il.
Sur Ebay et Le Bon Coin plus de 80.000 produits
Selon une étude TNS-Sofres publiée mardi, six Français sur dix estiment qu’il n’est pas incorrect de revendre ses cadeaux de Noël sur Internet. Près de 15% des sondés avouent d’ailleurs penser à la revente des cadeaux avant même de les avoir reçus. DVD, vêtements, livres, places de spectacles… Ebay chiffrait ainsi vendredi midi à 80.000 le nombre de produits neufs proposés depuis la veille au soir sur sa plate-forme.
Du côté du Bon Coin, on évalue aussi à « près de 80.000 » le nombre de cadeaux qui seront mis en vente sur l’ensemble de la journée de Noël, soit « deux fois plus que l’année dernière ». Au hit-parade des objets proposés sur la toile: les iPhone, les caméras GoPro, les légos Star Wars, mais aussi « le dernier Astérix, souvent revendu parce la BD a été offerte en double », souligne Olivier Mathiot, président de PriceMinister-Rakuten.
« Tous objets confondus, on estime qu’il y aura entre 3 et 4 millions de mises en vente entre le réveillon de Noël et le 1er janvier », ajoute M. Mathiot, qui fait état d’un démarrage « assez rapide » vendredi matin.
Echange et location
Pourquoi tant d’empressement a revendre ses cadeaux, quelques heures à peine parfois après les avoir ouverts? « Il y a une part de réflexe. Les gens se sont habitués à jouer à la marchande », s’amuse Antoine Jouteau. Un phénomène favorisé par l’essor des smartphones. « Avant, il fallait prendre l’appareil photo, le brancher à l’ordinateur… Désormais, on peut mettre une annonce en ligne en quelques minutes », relève Leyla Guilany-Lyard.
Le pic des ventes, toutefois, n’interviendra que dans quelques jours. « Ceux qui proposent leurs cadeaux dès Noël sont une minorité. Généralement, le pic arrive après, quand on est sorti de la bulle des fêtes », ajoute la porte-parole d’eBay. Selon Olivier Mathiot, les reventes se prolongent même généralement « jusqu’à la fin du mois de janvier », pour se superposer avec les soldes du début d’année. L’occasion de « donner une seconde vie à des objets non désirés », explique-t-il.
Les Français revendent avant tout leurs cadeaux parce qu’ils ne souhaitent pas « le jeter »
Selon une étude OpinionWay réalisée pour PriceMinister, les Français revendent avant tout leurs cadeaux parce qu’ils ne souhaitent pas « le jeter » (35%) ou qu’ils n’en ont « pas l’utilité » (34%). Seuls 9% disent le faire par « besoin d’argent ». « Il y a beaucoup de pragmatisme », souligne Antoine Jouteau: « les gens revendent leurs cadeaux parce qu’ils n’en ont pas l’utilité. Mais aussi souvent parce que ça permet ensuite de s’offrir autre chose ».
Outre la revente, d’autres « secondes vies » sont depuis peu offertes aux « cadeauxindésirables », en cas de réticences à les revendre sur la toile. Un site (e-loue.fr) propose ainsi de les louer, tandis qu’une application (Swouitch) propose de les échanger, à l’occasion d’une « journée nationale de l’échange de cadeaux deNoël« . Qui aura lieu cette année… le 26 décembre.