Expédition Tara : Un nouvelle exploration pour sauver les coraux du Pacifique
Le 28 mai prochain, la goélette Tara vivra une nouvelle péripétie riche en découvertes. Elle a cette fois pour mission d’aller explorer les coraux du Pacifique. Cette aventure aura la particularité d’être une première.
Deux ans pour observer les coraux du Pacifique Sud
Une nouvelle mission vient d’être attribuée à cette goélette baptisée Tara alors qu’elle était prénommée au départ Antarctica ou encore Seamaster. Son objectif est assez simple, elle doit explorer les richesses de ce monde tout en prônant la défense de cet environnement. Elle prend donc un nouveau départ, mais ce ne sera pas sa première péripétie. En 2009 par exemple, la goélette a eu le privilège de parcourir les mers ainsi que les océans pendant trois années. Ce projet de deux ans ne devrait donc pas lui faire peur. À cette époque, les équipes avaient étudié le piégeage des molécules de CO2.
Cette fois, la goélette devra observer les coraux du Pacifique, les découvertes seront sans doute au rendez-vous. Les conclusions de la précédente expédition ont permis d’en apprendre davantage sur les micro-organismes marins comme le plancton. Il s’agit d’un ensemble d’organismes vivants, ils sont présents dans les eaux douces, salées ou encore saumâtres.
Une approche transversale pour le CNRS
100 000 km sont tout de même au programme de la goélette scientifique. Elle aura donc la lourde tâche de sillonner le Pacifique alors qu’elle prendra le départ à Lorient. Cette péripétie est vitale, car la communauté scientifique a besoin de nouvelles informations. Elles seront aussi très utiles à tous les acteurs locaux et internationaux. Ils auront la capacité de comprendre davantage la biodiversité. En effet, nombreux sont ceux qui sous-estiment l’importance des récifs, ils ont un réel impact sur le futur des habitants notamment lorsqu’ils habitent dans les îles. Tara se retrouvera dans une aventure palpitante et surtout unique grâce à une approche transversale comme le mentionne le CNRS dans son communiqué de presse.
Tara va nagiguer sur plus de 100 000 km
Les coraux du Pacifique n’ont pas été choisis de façon aléatoire puisque la zone identifiée a la particularité de rassembler pratiquement 40% des récifs coralliens de l’ensemble de la Terre. Plusieurs missions seront ainsi proposées à la goélette, elle devra identifier la biodiversité selon quatre catégories : bactérienne, virale, génétique et génomique. Tara n’a pas encore quitté la terre ferme, son départ est programmé pour le 28 mai prochain depuis Lorient. Elle aura ensuite une route tracée en Asie/Pacifique. A la suite de cette péripétie, la goélette aura parcouru aux alentours de 100 000 km. Par conséquent, cette distance ne sera pas obtenue en quelques jours, la mission est prévue pour durer près de deux ans.
Une aventure soutenue par le CNRS
À bord de Tara, il y aura des scientifiques passionnés par plusieurs disciplines. Ils pourront ainsi jauger réellement l’impact du réchauffement climatique sur les récifs. Il est important de noter que cette aventure est soutenue par le CNRS, mais ce n’est pas le seul organisme à prendre part à ce voyage.
Le CEA, le CSM ainsi que Paris Sciences et Lettres ont décidé de joindre leur force pour que la réussite soit au bout du chemin. Il est important de se focaliser sur la santé des récifs, si elle n’est pas au beau fixe, les conséquences pour l’être humain seront importantes. Pourtant, les dernières statistiques sont alarmantes, elles montrent que de nombreux récifs sont sur le point de disparaître, ce phénomène perdure depuis des années.
Un écosystème fragile que l’on connaît finalement assez mal
“Un km2 de récifs coralliens, c’est l’équivalent de toute la biodiversité marine des côtes françaises métropolitaines, vous y avez autant d’espèces”, précise Serge Planes. Tara tentera de dévoiler la biodiversité à la fois génomique, génétique, virale et bactérienne d’un récif. Un écosystème fragile que l’on connaît finalement assez mal.
“Il y a énormément d’inconnus dans la biologie du corail, c’est une biologie récente”, explique Denis Allemand du Centre scientifique de Monaco et codirecteur de Tara Pacific. L’expédition se penchera également sur l’état de santé des récifs confrontés aux changements climatiques et à l’acidification des océans, et sur leur capacité de résistance. “Le corail grâce à ses symbioses est un thermomètre de la planète”, explique le chercheur.
“Une augmentation de l’ordre de 0,5 à 1 degré suffit a provoquer un phénomène cataclysmique appelé blanchissement.” Le corail perd ses locataires et devient un squelette blanc. “Un phénomène qui est très rapide, visible en quelques secondes”, ajoute-t-il. Contrairement aux autres effets du réchauffement.
Mais il est difficile de différencier les dommages dus au réchauffement de ceux causés par la pollution, l’aménagement des côtes, la surpêche ou l’accroissement démographique, très important en Indonésie, en Malaisie ou aux Philippines.
Tara Océans explore la vie planctonique des océans
Plus de quatre ans d’expédition autour du monde pour rapporter un véritable trésor biologique avec plus de 35 000 échantillons de plancton collectés à travers le monde, l’expédition Tara Océans a révélé ses premiers secrets. Les chercheurs de l’expédition ont déjà répertorié 40 millions de gènes microbiens totalement inconnus jusqu’à présent.
Une pêche au plancton effectuée entre 2009 et 2013, sur toutes les mers du globe
L’expédition s’est attachée à décrire sous toutes ses facettes un monde méconnu, presque invisible : le plancton. « Le plancton, c’est bien plus que de la nourriture pour les baleines, décrit Chris Bowler (ENS, Inserm, CNRS). Ces micro-organismes sont à la base de toute la chaîne alimentaire des océans, mais aussi de mécanismes qui influencent l’ensemble de la planète, comme le cycle du carbone. » Ils représentent 80 % de la biomasse des océans, et produisent par photosynthèse la moitié de l’oxygène que nous respirons. « Les analyses ont révélé environ 40 millions de gènes microbiens dont la grande majorité sont nouveaux suggérant que la biodiversité du plancton pourrait être bien plus importante que ce que l’on imaginait », affirme Patrick Wincker du Centre national français de séquençage (Genoscope), un des membres de l’équipe. Lire la suite