Un deuxième foyer de grippe aviaire H5N1 a été détecté en Dordogne
Dans un terrain servant de basse-cour à des particuliers à Biras (Dordogne), entre Périgueux et Brantôme, un foyer degrippe aviaire H5N1 a été détecté sur une vingtaine de volailles à la suite du signalement d’une mortalité anormale. C’est ce qu’a confirmé mardi soir l’un des laboratoires de référence de l’Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses). Le ministère de l’Agriculture a précisé que le plan national d’intervention sanitaire d’urgence (PISU) a été activé.
Il faut faire en sorte de juguler immédiatement toute propagation possible du virus
Depuis 2007, le virus H5N1 avait disparu du territoire français. Ce mois-ci, la grippe aviaire a fait sa réapparition dans une basse-cour de Dordogne chez un particulier. Dans cette basse-cour, 22 poules sont mortes la semaine dernière des tests ont donc été réalisés, il s’agit bien du virus H5N1, un virus probablement transmis par des canards sauvages.
Les volailles restantes de cette basse-cour ont été euthanasiées, le poulailler désinfecté et un plan a été lancé. « Ce virus est très contagieux pour l’animal, pour les volailles, pas pour l’homme. Il faut faire en sorte de juguler immédiatement toute propagation possible du virus », explique Christophe Bay, préfet de la Dordogne. Dans un rayon de 10 kilomètres, tous les propriétaires de volatiles vont être recensés et visités.
Une souche H5N1 hautement pathogène pour les volailles
Les services vétérinaires du département ont été alertés vendredi après la mort de 22 des 30 animaux. Des analyses ont révélé la présence du virus, probablement transmis par des canards sauvages, selon la préfecture. Les volatiles rescapés ont été euthanasiés et la basse-cour désinfectée.
Les prélèvements ont été transférés à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui a confirmé mardi les premiers résultats. « Il s’agit d’une souche H5N1 hautement pathogène pour les volailles », semblant correspondre à « une souche déjà détectée en Europe qui présentait jusqu’alors un profil faiblement pathogène », a indiqué le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.
Le risque de contamination à l’homme de cette souche n’est pas établi à ce stade. Les ministres de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, et de la Santé, Marisol Touraine, ont saisi l’Anses « à titre de précaution, afin d’évaluer la dangerosité potentielle de la souche pour l’homme ».
La grippe aviaire n’est en revanche « pas transmissible à l’homme par la consommation de viande, oeufs, foie gras, et plus généralement de tout produit alimentaire », a souligné le ministère. « Ce virus n’a aucune conséquence en termes de consommation (…) de tout ce qui est issu des produits de la volaille », a insisté M. Le Foll, également porte-parole du gouvernement, à sa sortie du conseil des ministres.
« Les animaux qu’on abat sont sains. La volaille est foudroyée donc les animaux malades n’arrivent pas jusqu’aux abattoirs », a affirmé à l’AFP Denis Lambert, patron du volailler LDC, affichant sa confiance dans « la qualité des services vétérinaires » français: « on va cerner la zone et il n’y a aucune raison que ça s’étende. »
Deux élevages sous surveillance
Comme prévu dans cette situation, le gouvernement a activé le plan national d’intervention sanitaire d’urgence. Autour du site de Biras, une zone de protection de 3 kilomètres a été mise en place, où l’ensemble des animaux domestiques doit être confiné, y compris chiens et chats, « pour éviter toute dissémination », a expliqué M. Bay.
En outre, la vente de volatiles vivants et la chasse ont été interdites dans une zone de surveillance de 10 kilomètres de rayon. Deux autres élevages de Dordogne ont été placés sous surveillance particulière, des contrôles habituels ayant mis en évidence des taux élevés d’anticorps suggérant que les volailles ont été en contact avec la maladie, a signalé le préfet.
Il s’agit d’un élevage d’oies reproductrices à Domme, à 90 km au sud de Biras, et d’un élevage de canards à Saint-Paul-la-Roche, à 50 km au nord. Le ministre de l’Agriculture a en outre convoqué une réunion en urgence jeudi du Comité national d’orientation de la politique sanitaire animale pour « s’assurer de l’application immédiate des mesures de protection et de gestion » contre la grippeaviaire.
La dernière crise remonte à début 2006
La dernière crise provoquée par le virus H5N1 en France remonte à début 2006. Après une hécatombe dans un élevage industriel dans l’Ain, le gouvernement de l’époque avait imposé pendant trois mois le confinement général des oiseaux et des volailles élevés en plein air ou détenus par des particuliers sur l’ensemble du territoire.
Durant cette période, 64 cas avaient été confirmés sur des oiseaux retrouvés morts, presque tous dans l’Ain. Les derniers cas isolés ont été détectés en Moselle durant l’été 2007 sur des cygnes et des canards sauvages. Depuis sa résurgence en Asie du sud-est fin 2003, la grippe aviaire a tué 449 personnes, sur 844 cas confirmés, principalement en Egypte, en Indonésie et au Vietnam, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’absence d’équipement de protection comme des masques à particules et des gants a facilité ces transmissions de l’animal à l’homme mais « le risque de contamination est extrêmement faible et il est nul si on prend toutes les précautions », a assuré à l’AFP le virologue Bruno Lina, soulignant qu' »il n’y a pas de chaîne de transmission interhumaine qui a pu s’installer ».