Vers un renforcement des règles d’indemnisation pour les voyageurs aériens ?

Image d'illustration. Avion atterrissageADN
L’Union européenne envisage de revoir à la hausse les exigences pour que les passagers aériens puissent obtenir une indemnisation en cas de retard ou d’annulation de vol, ce qui pourrait limiter leurs droits actuels face aux compagnies aériennes.
Tl;dr
- Projet d’allègement des règles d’indemnisation aérienne en Europe.
- Associations dénoncent un recul des droits des passagers.
- Jusqu’à 75 % de passagers privés d’indemnisation.
Vers un assouplissement contesté des droits des passagers aériens
Une menace plane sur la protection offerte aux voyageurs aériens en Union européenne. Plusieurs associations françaises de défense des consommateurs, parmi lesquelles l’UFC-Que Choisir, la CLCV ou encore la Fnaut, alertent sur une possible remise en cause des règles actuelles concernant l’indemnisation en cas de vol annulé ou retardé. Ce signal d’alarme intervient alors que, selon elles, des discussions seraient actuellement en cours à Bruxelles pour revoir à la baisse ces garanties, au bénéfice direct des compagnies aériennes.
Des retards bientôt moins indemnisés ?
Les modalités envisagées suscitent une vive inquiétude chez les associations. Selon le communiqué commun publié mercredi, il s’agirait notamment d’augmenter le délai minimal de retard ouvrant droit à une indemnisation : de trois heures aujourd’hui, il pourrait passer à cinq, voire neuf heures dans certains cas. Une modification qui toucherait directement les usagers, puisque « 75 % des retards d’avions se situent entre deux et quatre heures », soulignent-elles. Résultat prévisible : la grande majorité des passagers lésés se retrouveraient exclus du dispositif actuel.
D’autres restrictions majeures à prévoir
Au-delà du simple allongement du délai, plusieurs éléments expliquent la colère croissante des associations :
- Délai de réclamation réduit à six mois, contre plusieurs années actuellement.
- Démarches administratives complexifiées et exigence de proactivité renforcée pour obtenir gain de cause.
- Risques accrus pour les voyageurs mal informés quant à leurs droits.
Pour les signataires, ces évolutions constitueraient un « recul majeur » et un « bond en arrière » inacceptable pour les droits des consommateurs.
Lobbies et intérêts économiques en toile de fond
À l’origine de ce projet controversé, on retrouve le poids grandissant du lobby Airlines for Europe, appuyé par la présidence polonaise du Conseil de l’UE. Les compagnies mettent en avant le coût annuel élevé – près de huit milliards d’euros d’indemnisations chaque année. Un argument jugé irrecevable par les défenseurs des usagers qui rappellent que ces mêmes entreprises affichent actuellement « bénéfices records ». L’avenir des droits des passagers aériens européens semble donc suspendu aux arbitrages politiques à venir.