Alimentation : la filière bio accusent des enseignes de “se désengager”
L'inflation n'est pas la seule responsable de la chute plutôt vertigineuse des ventes de produits bio dans les supermarchés.
Pour la deuxième année consécutive, les ventes de produits bio vont connaître un nouveau recul. d’après la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), cette chute est de 6,3% pour la période janvier-septembre 2022.
Et selon le cabinet NielsenIQ, la chute est même de 16% chez les enseignes ne pratiquant que le bio comme La Vie Claire ou Biocoop.
L’inflation, première raison
Certes, la flambée des prix n’aide pas à écouler des produits qui à la base sont déjà 30% plus onéreux que ceux dits conventionnels.
NielsenIQ précise :
En période d’inflation, peu de foyers peuvent se permettre d’acheter 100% bio, et vont donc réaliser des arbitrages, explique NielsenIQ dans une étude. C’est notamment le cas des familles et des jeunes foyers. Seuls les ménages aisés ont stabilisé leurs achats de bio. Les Français sont 54% à déclarer que les produits bio sont trop chers par rapport aux bénéfices qu’ils apportent.
Une confusion chez les consommateurs ?
De fait, des représentants de la filière bio adressent une lettre ouverte à l’attention de Leclerc, Coopérative U, Carrefour, Auchan, Casino, Intermarché et Cora. Observant “une progression de la demande pour les ‘premiers prix'”, avec des conséquences pour le bio, ils pointent une autre raison au délaissement de leurs produits par les consommateurs :
Le développement de démarches telles que HVE (certification Haute Valeur Environnementale, NDLR) ou Zéro résidu de pesticides, qui s’approprient les codes du label bio alors qu’elles sont loin d’offrir le même niveau d’exigence, crée la confusion chez les consommateurs.
Un désengagement de la grande distribution ?
Ainsi, les signataires que sont Synabio, FOREBio et la FNAB accusent la grande distribution de noyer les produits dans “des catégories aux contours mal définis comme ‘l’offre durable'”, mais aussi de diminuer le réassort en produits.
Jeudi 1er décembre au micro de France Inter, Dominique Schelcher pour Système U s’est défendu d’un tel désengagement :
Il n’y a pas de désinvestissement massif sur le bio chez Système U. On pense que la baisse est conjoncturelle. La vraie difficulté est celle de ces producteurs qui se sont convertis au bio ces dernières années et dont les débouchés se restreignent. Le coupable c’est l’inflation qui contraint les gens à arbitrer sur ces produits-là.