François Hollande décrète l’état d’urgence, la campagne des régionales suspendue dans un mouvement d’unité nationale
François Hollande a décrété vendredi soir l’état d’urgence sur tout le territoire suite aux pires attaques terroristes en France qui ont fait au moins 120 morts, soutenu par la classe politique qui a suspendu la campagne pour les régionales dans un mouvement d’unité nationale.
Depuis l’Elysée, M. Hollande annoncé dans une courte allocution télévisée avant un Conseil des ministres extraordinaire “deux décisions”: “l’état d’urgence sera décrété, ce qui veut dire que certains lieux seront fermés, la circulation pourra être interdite et il y aura également des perquisitions qui pourront être décidées” dans toute la région parisienne.
L’état d’urgence, qui n’avait pas été décrété depuis les émeutes urbaines de 2005, “sera proclamé sur l’ensemble du territoire”, a-t-il précisé dans sa déclaration de 3 minutes.
“La seconde décision que j’ai prise, c’est la fermeture des frontières, nous devons nous assurer que personne ne pourra rentrer pour commettre quelque acte que ce soit. Et en même temps que ceux qui auraient pu commettre les crimes qui sont hélas constatés puisse également être appréhendés, s’ils devaient sortir du territoire”, a expliqué M. Hollande.
Le communiqué de l’Elysée, publié à l’issue du Conseil des ministres, évoque en fait “le rétablissement immédiat des contrôles aux frontières”, qui entrait en vigueur ce vendredi dans le cadre de la COP21.
“Nous avons, sur ma décision, mobilisé toutes les forces possibles” a-t-il ajouté.
“J’ai également demandé qu’il y ait des renforts militaires, ils sont en ce moment sur l’agglomération parisienne pour être sûr qu’aucune attaque ne puisse de nouveau avoir lieu”, a-t-il ajouté.
Très grave, le président de la République a évoqué des “attaques terroristes sans précédent”, chiffrant peu avant minuit le bilan à au moins “plusieurs dizaines de tués, beaucoup de blessés”, évoquant ouvertement “une horreur”.
Mais le bilan a rapidement évolué: vers une heure, le bilan dépassait la centaine de morts, selon des sources proches du dossier. La capitale était en état de choc, avec de nombreuses lignes de métro coupées, des véhicules de secours circulant à toute allure dans les rues.
“J’ai une pensée pour les victimes, très nombreuses, pour leurs familles, pour les blessés, nous devons faire preuve de compassion et de solidarité”, a dit M. Hollande.
“Ce que les terroristes veulent, c’est nous faire peur, nous saisir d’effroi. Il y a de quoi avoir peur, il y a l’effroi. Mais il y a face à l’effroi une Nation qui sait se défendre, qui sait mobiliser ses forces, et qui une fois encore saura vaincre les terroristes”, a aussi déclaré le chef de l’Etat, avant de se rendre au Bataclan avec le Premier ministre Manuel Valls et les ministres Bernard Cazeneuve (Intérieur) et Christiane Taubira (Justice).
M. Hollande a aussi annulé sa participation au G20 prévu en Turquie, où il sera représenté par les ministres Laurent Fabius et Michel Sapin.
Le chef de l’Etat a par ailleurs prévu de réunir samedi matin à 09H00 (08H00 GMT) un conseil de défense après les attaques terroristes sans précédent à Paris vendredi soir.
‘Faire bloc’
Les principaux partis politiques, Parti socialiste, “Républicains” et Front national, ont annoncé la suspension de leur campagne électorale pour les régionales.
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a évoqué sur Twitter “l’horreur”, et indiqué qu’un “bureau national extraordinaire” du parti serait convoqué samedi à 18h.
Marine Le Pen, présidente du FN, a évoqué par le même canal une “colère froide (qui) nous serre le coeur”.
Le prédécesseur de François Hollande, Nicolas Sarkozy, a lui indiqué dans une déclaration qu’il “soutenait la décision prise ce soir de décréter l’état d’urgence et la fermeture des frontières”, demandant une réponse de “fermeté et de détermination à chaque instant”.
L’ancien Premier ministre François Fillon a lui présenté dans un communiqué “l’unité nationale” comme un “devoir”, ajoutant que “l’heure est à la résistance et au combat contre le fanatisme jihadiste”, saluant les “décisions nécessaires à la sécurité des Français” prises par M. Hollande.
Alain Juppé a évoqué de “terribles attaques dans Paris. La France doit faire bloc face à ce défi mortel”, a-t-il demandé sur Twitter en évoquant sa “détermination à mener la guerre”.
Tous les groupes politiques à l’Assemblée nationale ont appelé à “l’union nationale”.
“A cette heure, toute querelle s’interrompt”, a déclaré de son côté sur sa page Facebook Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, “formant le voeu que nul ne s’abandonne à la vindicte et conserve sa capacité de discernement”.
Parmi les quelques voix discordantes, Lionnel Luca (LR) a lâché: “Ce soir, Paris c’est Beyrouth ! Logique pour un pays en voie de libanisation. Nous paierons cher notre lâcheté face au communautarisme !”