Les LOTI, c’est-à-dire les transports collectifs à la demande, ont appelé à manifester mercredi dans Paris, avec le soutien de nombreuses plateformes VTC dont Uber, en réaction aux mesures prises par le gouvernement pour satisfaire les taxis.
A l’origine de cet appel, Joseph François, président de l’association Alternative mobilité transport (AMT) qui regroupe une dizaine de sociétés de transports capacitaires, dits LOTI, soit un millier de salariés, a indiqué à l’AFP que ce serait « une marche silencieuse car nous sommes en deuil ».
L’association proteste contre le « revirement » de Manuel Valls qui a appelé jeudi à « ouvrir un dialogue pour trouver une voie de sortie », mais après une réunion avec les taxis « déclar(e) (vendredi) que notre profession est illégale ». Manuel Valls a reçu jeudi soir pendant près de trois heures l’ensemble des organisations de taxis qui s’étaient mobilisées pendant trois jours notamment contre l’utilisation détournée des véhicules LOTI.
Le Premier ministre leur a promis des « contrôles incessants » aux « fraudeurs », ainsi qu’un renforcement dans 12 départements des contrôles visant les VTC. Une réunion de suivi de ces contrôles aura lieu chaque semaine avec le médiateur, le député PS Laurent Grandguillaume.
Mais la crainte des LOTI est de ne plus pouvoir du tout utiliser les plateformes internet de réservation tel Uber, après l’envoi de lettres de mise en demeure à une vingtaine de plateformes VTC insistant notamment sur la question des licences de transport collectif LOTI, que le gouvernement estime indûment utilisées par des VTC.
« Il semblerait que les plateformes n’aient plus le droit de travailler avec les (transporteurs) LOTI » ce qui risque de conduire des « milliers de personnes à pointer à Pôle emploi », s’est en effet inquiété le PDG de Chauffeurs privés Yan Hascoet qui n’avait toutefois pas encore reçu de lettre de mise en demeure samedi soir.
L’association AMT demande donc « l’ouverture d’un vrai débat pour une indemnisation des licences de taxis pour pouvoir exister. Cette marche sera ouverte à toutes les corporations du transport, taxis, VTC, et aux consommateurs », a indiqué M. François.
Les plateformes Uber France, Chauffeurs privés, CinqS et SnapCar ont d’ailleurs relayé cet appel auprès de leurs « partenaires », ont-elles assuré à l’AFP.
Un syndicat boycotte l’appel
Pour leur part, les plateformes Marcel Chauffeurs et Allocab et les entreprises Voituresnoires et Driveforme qui louent des voitures aux chauffeurs de VTC ont indiqué soutenir cette initiative, tout comme les centres de formation pour les chauffeurs de VTC et capacitaires.
Certes, les licences LOTI n’étaient pas destinées à effectuer des prestations de VTC, « mais ces quatre dernières années, les conditions d’accès à la licence VTC n’ont cessées d’être revues et durcies sous la pression des taxis, en contradiction avec le bon sens et l’intérêt général », rappelle l’entreprise Snapcar dans un document destiné à ses partenaires dont l’AFP a obtenu copie.
L’Unsa SCP-VTC, premier syndicat de chauffeurs de VTC créé en novembre 2015, appelle cependant à boycotter ce rassemblement. « Oui, nous sommes menacés, mais c’est Uber qui nous a mis dans cette galère et il est hors de question de s’associer à cette société », a expliqué à l’AFP le secrétaire général du syndicat, Sayah Baaroun.
« Nous sommes tombés dans un piège », estime le syndicaliste, soulignant que « beaucoup de chauffeurs se sont endettés pour des crédits automobile en pensant que cette activité était rentable et surtout légale ».
« Comment vous voulez vivre et construire un avenir avec une société qui n’a aucun scrupule à désactiver votre compte du réseau pour ne plus recevoir de courses, qui hier encore baissait les tarifs sans vouloir discuter, ne paie pas un centime en France et nous a apporté un modèle destructeur de nos valeurs sociales ? », écrit l’Unsa SCP-VTC dans un communiqué.