Elections régionales : Manuel Valls et Nicolas Sarkozy s’affrontent même sur Facebook
Manuel Valls était en déplacement à Moirans et la commune attend une vive réaction du gouvernement après les actes de violence. Nicolas Sarkozy a accusé de laxisme le premier ministre qui a choisi Facebook pour lui répondre.
Manuel Valls règle ses comptes sur Facebook
Il y a 15 jours, Moirans a été frappé par de violents incidents et Manuel Valls a souhaité adresser un message de fermeté. Ce dernier n’a sans doute pas comblé les attentes de Nicolas Sarkozy qui l’a accusé de laxisme face à ces incidents. L’ancien président de la République spécifiait qu’il n’y avait plus d’autorité de l’État. Sur Facebook, le premier ministre a souhaité lui répondre, car Manuel Valls n’a pas apprécié cette remarque. Il a insisté sur le fait que l’on ne pouvait pas prononcer cette phrase notamment lorsque l’on a affaibli la France.
Manuel Valls, en déplacement à Moirans, cherche à restaurer son autorité
Accusé de laxisme face à une série d’incidents violents, Manuel Valls a délivré vendredi à Moirans un message de fermeté, assurant que “la République ne pliera pas” et a promettant des “sanctions à la hauteur de la violence” qu’a connue cette commune de l’Isère le 20 octobre.
Le Premier ministre a reconnu lui-même que les esprits restaient à vif dans la commune, quinze jours après les émeutes. “Le choc, la peur, l’indignation mais aussi la colère, les larmes, étaient encore présents dans les yeux des habitants”, a-t-il dit lors d’un discours prononcé un peu plus tard à la préfecture de Grenoble.
Manuel Valls est revenu sur l’incident à sa sortie houleuse de la mairie de Moirans, où une foule de quelques centaines de personnes l’attendait, mêlant appels de bienvenue et sifflets émanant d’une vingtaine de jeunes gens hostiles. Le Premier ministre s’est dirigé vers eux, pour leur dire que “personne n’empêchera ici la République d’avancer”.
Manuel Valls a qualifié plus tard ces éléments d'”individus excités et de provocateurs”.
Le face-à-face du Premier ministre avec des visages très hostiles a duré quelques secondes, et a été marqué par une forte tension et une bousculade mettant les services de sécurité sous pression. “On a défié la République. Eh bien, la République ne pliera pas”, a-t-il insisté devant les forces de l’ordre réunies à la Préfecture.
Le Premier ministre a répété encore que les “fauteurs de troubles seraient poursuivis sans relâche (…) C’est vrai, cela peut prendre du temps”, mais, a-t-il lancé, “la justice passera à Moirans”. Manuel Valls souhaitait répliquer là à Nicolas Sarkozy qui jugeait mardi qu'”il n’y a plus d’autorité de l’Etat”.
‘Peur’ des habitants de Moirans
Outre les événements de Moirans, les violences à Air France, la récente fusillade mortelle à Marseille, le violent règlement de compte à Clermont-Ferrand ont constitué une série d’incidents “distincts et indépendants”, selon le Premier ministre, dont l’image d’homme fort de l’exécutif a été écaillée en un mois.
L’autorité de l’Etat, a-t-il reconnu, est “contestée”, mais “ce n’est pas nouveau, cela ne date pas des dernières semaines, des derniers mois, comme certains voudraient le laisser entendre”, en visant clairement les déclarations de Nicolas Sarkozy, ainsi que son action en tant que président de la République.
Déjà mardi, Manuel Valls avait dénoncé les propos “pas responsables” de l’ancien président: “Dire qu’il n’y a pas d’autorité de l’Etat quand soi-même on a affaibli pendant des années l’Etat (…) Dire qu’il n’y a plus d’autorité de l’Etat quand soi-même, tous les jours, on remet en cause l’indépendance de la justice, ça n’est pas sérieux et surtout pas responsable”, rétorquait-il.
Car à un mois des régionales, où le Front national est donné favori en PACA et dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les thèmes de la sécurité et de l’autorité, prés carrés revendiqués par la droite, sont omniprésents.
Dans une tribune publiée jeudi soir sur son compte Facebook, Manuel Valls a dénoncé “l’attitude de l’extrême droite” et “de plus en plus” celle “d’une partie de la droite qui lui court après” (…), “qui singent l’autorité, la dénaturent (…) par l’agitation des mots et la facilité des postures”.
“Les tenants de cette vision disent défendre l’autorité, mais ne font que l’affaiblir en attaquant, en permanence (…) toutes celles et tous ceux qui l’incarnent: particulièrement les magistrats ou encore les fonctionnaires de l’Education nationale qui, soi-disant, n’accompliraient pas leurs missions”, a-t-il poursuivi.
A Moirans même, les habitants étaient intarrissables sur les événements du 20 octobre, certains exprimant leur “peur” de sortir dans la rue ou de voir leurs voitures brûlées, et se disant persuadés que les auteurs ne seraient jamais sanctionnés. Un autre jeune attablé à la terrasse d’un café philosophait, qualifiant les événements de simple “fait divers” sur fond de graves difficultés économiques et sociales, tout en admettant que leurs auteurs devaient être sanctionnés.