Nouveau sursis pour les épargnants: le taux du Livret A sera maintenu à 0,75% début février, a annoncé mercredi le ministère des Finances, malgré la faiblesse actuelle de l’inflation qui aurait dû le faire reculer à 0,50% en théorie.
« Le gouvernement a décidé de maintenir le taux du Livret A inchangé à 0,75% », a indiqué Bercy dans un communiqué, après une proposition en ce sens du gouverneur de la Banque de France. Depuis sa création en 1818, la rémunération de ce produit d’épargne — le plus répandu en France — n’a jamais été inférieure à 0,75%.
Son taux est revu deux fois par an, le 1er février et le 1er août, grâce à une formule de calcul.
Il faut ainsi prendre l’inflation (hors tabac) et y ajouter un quart de point puis arrondir au quart de point le plus proche. Or, en décembre, les prix à la consommation ont progressé sur un an de 0,2%, selon les données publiées mercredi par l’Insee. Ceci donne donc un taux théorique de 0,50%.
Le gouverneur de la Banque de France a la main dans ce dossier éminemment politique et il n’a pas l’obligation de suivre cette formule. S’il choisit de la respecter, le taux théorique s’applique. S’il y déroge, comme il l’a fait mercredi, c’est le gouvernement qui a le dernier mot, et Bercy a donc validé sa proposition d’un maintien du taux à son niveau actuel.
« Compte tenu des perspectives d’une légère augmentation de l’inflation en 2016, le gouverneur (François Villeroy de Galhau) considère qu’il est justifié de déroger à la stricte application de la formule de calcul en vigueur, ainsi que le règlement en prévoit la possibilité », a fait valoir la Banque de France dans un communiqué distinct.
Il est devenu fréquent de voir la formule de calcul ne pas être appliquée à la lettre, afin de préserver la rémunération des épargnants. A l’été 2015, le taux du Livret A aurait par exemple déjà dû mécaniquement baisser de 1% à 0,50% mais la Banque de France et Bercy avaient choisi de le fixer à 0,75%.
Début 2015, la chute aurait dû être encore plus importante avec un repli à 0,25% mais le gouvernement avait alors opté pour un maintien du rendement à 1%. Un taux du Livret A plus bas permet à la Caisse des dépôts (CDC), qui centralise environ 65% de son encours, d’octroyer des prêts moins onéreux, aux organismes HLM par exemple.
« un niveau cohérent »
Son directeur général, Pierre-René Lemas, avait lui aussi plaidé mercredi matin, avant la publication des données de l’Insee, pour un maintien de la rémunération à 0,75%.
Pénalisé par la faiblesse historique de son taux, le Livret A a vu flancher depuis plusieurs mois sa capacité de séduction auprès des épargnants. Ainsi, de janvier à novembre 2015 –les données pour décembre n’étant pas encore connues–, les retraits ont été supérieurs aux dépôts, à hauteur de 9,59 milliards d’euros. L’année 2014, déjà finie dans le rouge, avait enregistré une décollecte nette moins importante, de 6,13 milliards d’euros.
Malgré cette tendance, la CDC a plusieurs fois dit qu’elle disposait de ressources largement suffisantes pour assurer ses missions, profitant encore de l’afflux d’argent entraîné par le relèvement du plafond du livret de 50% après l’élection du président François Hollande.
Le taux du Livret de développement durable (LDD) restera lui aussi inchangé, à 0,75%.
En revanche, la rémunération des plans épargne logement (PEL) ouverts à compter du 1er février sera fixée à 1,5%, contre 2% en ce moment, « soit un niveau cohérent avec celui des autres produits d’épargne existant sur le marché », selon Bercy.
Cette décision n’affectera pas les PEL ouverts avant cette date. Mais ces nouveaux PEL bénéficieront d’un taux d’intérêt maximal plus attractif pour les épargnants choisissant d’emprunter dans ce cadre, puisqu’il se situera à 2,70%, contre 3,20% avec un plan d’épargne logement ouvert actuellement.
Le taux du PEL avait été abaissé pour la dernière fois en février 2015, passant alors de 2,5% à 2%.