Appel en faveur de plus d’investissements dans les zones rurales des pays les plus pauvres
Les pays riches devraient investir plus et mieux dans les zones rurales des pays les plus pauvres, pour lutter contre la pauvreté, principale cause des migrations, selon le rapport 2015 sur les pays les moins avancés (PMA), publié mercredi par la CNUCED (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement).
“Dans nombre des pays les moins avancés, les migrations sont imputables à la pauvreté rurale”, a estimé le Secrétaire général de la CNUCED, le Kenyan Mukhisa Kituyi, en présentant le rapport.
“Il ne peut y avoir une solution durable à la crise migratoire” et à l’éradication de la pauvreté “sans une stratégie de transformation de l’économie rurale”, a-t-il ajouté.
La CNUCED propose à cet effet une nouvelle approche des investissements, afin que les migrants ne migrent plus par nécessité, mais plus par choix.
Selon la CNUCED, les migrants n’ont actuellement pas d’autre choix que de quitter les zones rurales.
Plus des deux-tiers de la population des 48 pays classés “PMA” vivent dans les zones rurales, “où la pauvreté est deux fois plus répandue” que dans les villes.
Selon la CNUCED, pour éliminer la pauvreté dans ces zones, il faudrait multiplier par 2 le revenu des habitants de ces zones rurales en 15 ans. Ce revenu stagne depuis 20 à 30 ans, indique la CNUCED.
En outre, la CNCUED souhaite une très forte hausse des investissements dans les infrastructures des zones rurales des PMA. “Par rapport à 2011-2012, il faudrait chaque année multiplier par plus de 2 le taux d’accès à l’eau, par 4 le taux d’accès à l’électricité et par 6 le taux d’accès à l’assainissement”, indique le rapport sur les PMA.
Le financement de cette augmentation des investissements d’infrastructures est “un facteur crucial”, relève encore la CNUCED, qui exhorte les pays riches à verser 0,35% de leur revenu intérieur brut aux PMA.
L’objectif actuel est de verser entre 0,15 et 0,20% de ce revenu aux PMA, mais selon des chiffres provisoires pour 2014, les pays riches n’ont versé l’an dernier que 0,08% de leur revenu intérieur aux PMA.
Si en outre, l’aide publique au développement atteignait son objectif de 0,7% du revenu mondial, les pays les plus pauvres de la planète pourraient toucher en 2030, 250 milliards de dollars, contre 40 milliards actuellement.
48 pays sont actuelelment considérés comme des “PMA” par l’ONU. 34 sont situés en Afrique, 9 en Asie, 1 aux Caraïbes (Haïti) et 4 dans le Pacifique.
Depuis que l’ONU a créé cette catégorie “PMA”, il y a 40 ans, seuls 4 pays ont disparu de la liste, le Botswana en 1994, le Cap Vert en 2007, les Maldives en 2011 et Samoa en 2014.
Le rapport 2015 relève également que les PMA sont de plus en plus endettés. Le déficit courant des PMA est passé de 9,3 milliards USD en 2011 au chiffre record de 49,4 mlds USD en 2014, à cause notamment de la chutes des prix des produits de base.
En 2014, la croissance économique des PMA s’est élevée à 5,5%, contre 6,1% en 2013.
Ce chiffre est bien inférieur à la moyenne de 7,4% enregistrée pendant la période 2002-2008.
Pour 2015, la CNUCED s’attend à une croissance de 5,2% dans les PMA.