Barack Obama à Cuba pour une visite historique
Barack Obama est devenu dimanche le premier président américain en exercice à se rendre à Cuba depuis la révolution castriste de 1959, saluant une “occasion historique” de mettre fin à une inimitié héritée de la Guerre froide.
“Je suis très émue, c’est un moment que nous attendions tous mais regardez, il est ici, à Cuba!”, s’extasiait Amarilis Sosa, une habitante du centre de La Havane, en regardant en direct à la télévision l’arrivée sous la pluie du président américain.
“¿Que bola Cuba?” (“Comment ça va Cuba ?”), a lancé M. Obama sur son compte Twitter en utilisant une expression populaire, quelques secondes après l’atterrissage d’Air Force One. “Je suis impatient de rencontrer et d’écouter les Cubains”.
“C’est une occasion historique!”, s’est exclamé le commentateur de la télévision cubaine qui retransmettait l’arrivée depuis l’aéroport Jose Marti, du nom du père de l’indépendance de cette ancienne colonie espagnole.
Avec ce voyage, M. Obama, qui quittera la Maison Blanche dans 10 mois jour pour jour, veut rendre irréversible le spectaculaire rapprochement engagé le 17 décembre 2014 avec le président cubain Raul Castro.
Quelques heures avant son arrivée, les autorités cubaines ont arrêté plusieurs dizaines de dissidents lors de l’habituelle procession dominicale des Dames en Blanc, près d’une église de l’ouest de La Havane.
M. Obama, qui devait rencontrer des dissidents mardi, a prévenu qu’il évoquerait “directement” les droits de l’Homme lors de ses entretiens lundi avec Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel voici presque 10 ans.
Sécurité renforcée
Dans la vieille ville, nombre de rues étaient désertes, en raison de la pluie mais aussi des mesures de sécurité drastiques mises en place.
“C’est énorme ( ) Je pense vraiment que cela va changer l’avenir”, explique Ariel Hernandez, ingénieur de 42 ans. “Depuis que je suis petit, on me raconte l’histoire de la révolution et cette histoire, c’était d’abord celle d’être contre les Etats-Unis”.
“C’est une visite historique et une occasion historique “, a souligné M. Obama en rencontrant le personnel de l’ambassade américaine. Washington et La Havane ont rétabli leurs relations diplomatiques en juillet 2015.
“En 1928, le président (américain Calvin) Coolidge était venu sur un navire militaire, cela lui avait pris trois jours. Cela m’a pris seulement trois heures”, a-t-il ajouté, en référence au dernier chef d’Etat américain en exercice à s’être déplacé sur l’île.
Sous une pluie battante, Barack Obama, sa femme Michelle et leurs deux filles, Malia, 17 ans, et Sasha, 14 ans, ont parcouru à pied les rues de la vieille Havane, classées au patrimoine de l’Unesco et toilettées pour l’occasion.
Ils se sont notamment rendus dans la cathédrale de la ville où ils ont rencontré le cardinal Jaime Ortega, un des artisans du rapprochement américano-cubain.
Pas de rencontre avec Fidel
Le temps fort de la visite du 44e président des Etats-Unis sera le discours qu’il prononcera mardi dans un théâtre de La Havane, devant un public sélectionné et les caméras de la télévision cubaine.
“L’idée (de M. Obama) est de promouvoir une transition progressive, d’encourager un atterrissage en douceur à Cuba en évitant une éruption de la violence ou une crise migratoire majeure”, souligne Richard Feinberg, de la Brookings Institution à Washington.
“C’est une stratégie sur le long terme, il regarde au-delà des dirigeants actuels”, ajoute-t-il, évoquant le départ de Raul Castro, 84 ans, qui doit se retirer en 2018. Selon la Maison Blanche, aucune rencontre n’était prévue avec l’ex-président Fidel Castro, âgé de 89 ans.
Malgré l’engouement autour de ce déplacement longtemps impensable, l’embargo qui bride le développement de l’île depuis 1962 reste en place et les changements espérés par Washington pourraient tarder à se concrétiser.
Avant la visite, le ministre cubain des Affaires étrangères a rappelé que La Havane n’était pas disposée à “renoncer à un seul de ses principes (…) pour avancer vers la normalisation”.
La Maison Blanche a décrété ces derniers mois une série de mesures pour assouplir l’embargo, dont la levée totale dépend du Congrès américain.
La chaîne hôtelière Starwood a annoncé samedi avoir obtenu le feu vert du Département du Trésor pour ouvrir deux hôtels à La Havane, devenant ainsi la première multinationale américaine à s’installer à Cuba depuis l’arrivée au pouvoir à La Havane, en 1959, de Fidel Castro et de ses “barbudos”.