Don du sang des homosexuels : Marisol Touraine s’explique face aux critiques
La ministre de la santé Marisol Touraine a répondu aux critiques lui reprochant d’avoir posé des conditions à l’ouverture du sang aux homosexuels l’an prochain en rappelant qu’elle entendait aller plus loin dans un processus tendant à une «égalité totale» avec les hétérosexuels.
«A vous qui souhaitez aller plus loin, à vous qui souhaitez aller plus vite, je veux dire mon engagement à ne pas m’arrêter là», écrit Mme Touraine dans une tribune vendredi dans le Huffington Post, précisant qu’elle partage «le projet que beaucoup d’entre vous défendent d’une égalité totale des critères du don entre homosexuels et hétérosexuels».
En annonçant mercredi que les homosexuels allaient pouvoir donner leur sang à partir du printemps prochain à condition de ne pas avoir eu de relations homosexuelles pendant un an en attendant les résultats d’une étude sur les risques présentés par ces nouveaux donneurs, la ministre a suscité des réactions hostiles d’une partie des associations.
Ces associations estiment que la mesure reste «discriminatoire» dans la mesure où elle cible des groupes à risques et non des pratiques à risques. Dans sa tribune, Mme Touraine souligne que la décision annoncée mercredi est «une étape seulement dans un processus» et que l’objectif est «l’égalité de tous face au don. C’est vers ce but que nous tendons» a-t-elle ajouté.
Mais elle rappelle également que «la sécurité du don reste une priorité absolue» et que ce n’est qu’«en apportant toutes les garanties sur ce volet sanitaire, que nous nous donnons les meilleures chances d’enclencher et de faire accepter la convergence totale des critères du don».
Concernant le délai de 12 mois sans relations sexuelles retenu dans un premier temps pour que les homosexuels puissent donner leur sang, elle précise que «c’est le délai au terme duquel nous sommes certains, d’après les éléments scientifiques dont nous disposons actuellement, que le niveau de risque est identique entre homosexuels et hétérosexuels».
La réduction de ce délai ne sera pour sa part envisagée qu’à l’issue d’une étude d’un an sur les risques présentés par ces nouveaux donneurs, selon les modalités annoncées mercredi. Pour le don de plasma (partie liquide du sang qui sert notamment en chirurgie), les conditions seront en revanche les mêmes, dès le printemps prochain, que l’on soit homosexuel ou hétérosexuel.
La progression par étapes est défendue par Aurélien Beaucamp, le président de l’association Aides de lutte contre le Sida qui rappelle que les homosexuels représentent encore 40% des nouvelles contaminations par le VIH chaque année et que les pratiques à risques sont plus importantes dans la population homosexuelle.
«Le don du sang n’est pas un droit, c’est un geste de solidarité qui doit d’abord assurer la sécurité des receveurs» ajoute-t-il dans une interview au Monde.fr.